J'ai eu moi-même la chance d'entamer des études de médecine dans la belle ville de Lyon et je n'ai malheureusement pas pu les mener à terme, victime de la sélection à l'époque outrancière du numerus clausus. Après un bac S passé avec mention et alors que ma moyenne était très confortable, je n'ai pourtant pas pu poursuivre. C'est une frustration qui ne m'a pas quitté, et d'autant moins quand je vois la situation actuelle. J'avais vraiment la vocation, et, étant particulièrement attaché à mon territoire, je n'avais qu'une ambition, celle de revenir y exercer.
Le problème de la démographie médicale est important. Le représentant de l'Ordre des médecins a rappelé qu'il ne concerne pas les seuls médecins généralistes, mais aussi le milieu hospitalier. J'en veux pour preuve ce que je constate sur mon territoire qui compte, sur 54 km2 et pour 38 000 habitants, une vingtaine de médecins libéraux assurant très peu de gardes, ce qui favorise un report vers l'hôpital, qui se retrouve engorgé alors même qu'il connaît déjà des difficultés, manquant de spécialistes, d'urgentistes, d'anesthésistes. Si bien que la qualité des soins qui y sont offerts n'est pas optimale. Ce territoire souffre d'un manque criant de spécialistes - dermatologues, endocrinologues, cardiologues - alors que l'on y recense des pathologies lourdes comme le diabète ou l'hypertension. Sans jeter la pierre, il faut tout de même dire que les médecins installés dans mon île y sont largement attirés par la mer, la qualité de vie qu'ils y trouvent, et ne jouent pas toujours pleinement leur rôle. D'où une aggravation des difficultés dans un territoire éloigné des centres hospitaliers de Pointe-à-Pitre ou Fort-de-France. Et je crains que ce territoire ne soit pas seul dans ce cas.
La République n'a-t-elle pas une responsabilité dans ces difficultés ? Si l'incitation ne porte pas ses fruits, il faudra bien passer à autre chose.