Il est vrai que médecin, couvé en milieu hospitalier, craint de se retrouver devant une patientèle éloignée des centres urbains. L'isolement familial est aussi une crainte. On peut comprendre que l'avenir de ses enfants, s'ils se trouvent éloignés du collège, du lycée, de l'université, soit une préoccupation. Le résultat, c'est qu'un département comme le mien, l'Indre, se trouve très déficitaire en médecins, y compris dans son chef-lieu. Vous soulignez combien il serait important de faire découvrir les territoires aux étudiants. Dans l'Indre, depuis dix ans, nous cherchons à attirer ceux qui sont originaires du département, en leur proposant de les subventionner pour s'installer. La première année, notre réunion d'information a attiré une dizaine de participants, la deuxième année, ils n'étaient plus que trois ou quatre, et depuis à l'avenant : cela n'a jamais vraiment marché.
Les maisons médicales ? Dans mon département, j'ai participé à l'inauguration d'une dizaine d'entre elles. Aujourd'hui, elles sont trois ou quatre à n'avoir plus de médecin. On a investi beaucoup d'argent pour rien. Comme on dit chez nous, la cage ne fait pas l'oiseau.
La télémédecine ? Depuis sept ou huit ans, nous avons monté un dispositif qui couvre toutes les zones de l'Indre depuis Châteauroux. Et cela fonctionne. Un patient qui souffre d'un épisode cardiaque trouve, en s'y connectant, un médecin qui lui conseille les premiers gestes et prend les premières décisions médicales.
Les médecins étrangers ? Le centre hospitalier de Châteauroux, qui a bonne réputation, en compte environ 40 %.
Ceci pour dire que l'on a tout essayé. Mais il n'en reste pas moins que la désertification gagne du terrain. On a en France de plus en plus de médecins, et au risque de choquer, je mets les pieds dans le plat, car j'enrage : quand dissuadera-t-on enfin les médecins de s'installer dans les zones où ils sont déjà trop nombreux ? Je demande que l'on mette en place, pour s'en sortir, un déconventionnement sélectif. Notre réunion d'aujourd'hui ressemble à celle que nous avons eue il y a quatre ou cinq ans : depuis, rien n'a changé. C'est presque un appel au secours que je lance.