Intervention de Jacques Legendre

Réunion du 2 mars 2016 à 14h30
Trentième anniversaire du baccalauréat professionnel

Photo de Jacques LegendreJacques Legendre :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, M. Abate et le groupe CRC ont souhaité qu’un débat s’ouvre à l’occasion du trentième anniversaire de la création du baccalauréat professionnel. Ils ont eu raison, car un tel débat est utile.

De même, la commission de la culture, voilà huit ans, avait souhaité célébrer un autre anniversaire : le deux centième anniversaire du baccalauréat. Nous avions alors mis sur pied un groupe de travail dressant un état des lieux de ce « monument national », selon la formule d’un ancien ministre de l’éducation, véritable pierre angulaire de notre système éducatif, qui couronne l’ensemble de la scolarité primaire et secondaire et ouvre les portes de l’enseignement supérieur ou de la vie active.

En tant que rapporteur, j’expliquais alors comment la diversification des filières du baccalauréat et le souhait de donner une place nouvelle à la formation professionnelle avaient conduit à la création du baccalauréat professionnel en 1986.

Le gouvernement d’alors s’engageait à mener 80 % d’une génération au niveau du baccalauréat. Créer une filière professionnelle à côté de la filière générale devait évidemment l’aider à atteindre cet objectif.

Si le nombre de candidats au baccalauréat augmenta massivement dans les dix années qui suivirent, non seulement dans la voie professionnelle, mais aussi dans la voie générale, le chiffre de 80 % de jeunes accédant au baccalauréat n’a jamais été atteint.

Je citerai à cet égard les données de 2006 : seulement 64 % environ d’une génération obtient le baccalauréat, dont un peu plus de 34 % le baccalauréat général, 17 % le baccalauréat technologique, et 12, 3 % le baccalauréat professionnel.

La plupart des élèves qui n’accèdent pas au baccalauréat ont quitté le système scolaire après la troisième ou ont été orientés vers l’une des filières professionnelles sans l’avoir choisi. De nombreux abandons sont constatés lors de la préparation au baccalauréat professionnel : ils concernent de trop nombreux élèves.

Nous constatons ainsi les limites du dispositif. En France, l’inégal accès d’une génération au baccalauréat traduit un net dysfonctionnement du système d’orientation et une certaine incapacité à surmonter les inégalités scolaires. Le baccalauréat professionnel souffre en effet d’une hiérarchie tacite dans la valeur des filières d’enseignement. C’est ce qu’il faut changer !

Aujourd’hui, la question de l’orientation n’est réellement posée qu’en troisième, pour les seuls élèves ayant des difficultés scolaires et ne pouvant poursuivre dans la voie générale. L’orientation repose alors sur l’échec, c’est une orientation par défaut. Ce phénomène est dénoncé depuis longtemps, mais il faut bien constater qu’il persiste.

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