Intervention de Jacques Legendre

Réunion du 2 mars 2016 à 14h30
Trentième anniversaire du baccalauréat professionnel

Photo de Jacques LegendreJacques Legendre :

Pour que l’orientation ait un sens, il faut que le collège devienne l’antichambre des études générales, technologiques et professionnelles, ce qui signifie que ces trois dimensions doivent être présentes dans la scolarité de tout collégien.

Des efforts ont été réalisés en ce sens – je pense au parcours de découverte des métiers et des formations, transformé en parcours Avenir par la majorité actuelle –, mais il faut bien évidemment aller plus loin et transformer radicalement la manière dont l’orientation est envisagée dans notre pays.

J’estime également que, pour lutter contre la hiérarchisation des filières au sein du baccalauréat, il faut assurer l’enseignement d’un tronc commun valant pour les trois voies. Chaque bachelier devrait acquérir certaines connaissances et compétences, la méthodologie pour y parvenir pouvant être adaptée à chacune des trois filières.

Nous devons avoir une équation présente à l’esprit : une bonne insertion professionnelle, ce sont des connaissances générales suffisantes, une qualification professionnelle attestée obtenue à l’issue de la formation, mais aussi un début d’expérience professionnelle pendant la scolarité.

Je souhaite développer un autre point à propos de la manière dont le baccalauréat professionnel a évolué : il s’agit de la confusion qui règne sur ses objectifs, de plus en plus de jeunes ayant tendance à vouloir ensuite poursuivre des études supérieures.

Effectivement, le baccalauréat est par tradition le premier grade de l’enseignement supérieur. Il permet donc à des bacheliers professionnels de s’engager dans des études supérieures qui ne sont pourtant pas la finalité de leur filière, puisque les baccalauréats professionnels sont d’abord destinés à une insertion rapide dans le monde du travail.

Ainsi, près d’un bachelier professionnel sur trois fait ce choix. Cependant, on le sait, environ la moitié d’entre eux vont sortir de l’enseignement supérieur sans diplôme. Un tel parcours se traduit, selon le Centre d’études et de recherche sur les qualifications, le CEREQ, par un taux de chômage supérieur de 3, 2 % à celui qui aurait été le leur s’ils étaient entrés directement sur le marché du travail.

Je trouverais donc utile, madame la ministre, de sensibiliser en amont les bacheliers professionnels souhaitant s’engager dans des études longues aux difficultés qu’ils risquent de rencontrer. Il s’agit, encore une fois, du rôle de l’orientation, qui devrait prévoir, par exemple, un entretien personnalisé avant tout choix définitif.

J’estime que le caractère de filière courte du baccalauréat professionnel ne doit pas empêcher le jeune de reprendre une formation par la suite. Il s’agit d’une autre proposition figurant dans mon rapport.

Il faudrait, à l’avenir, que l’État s’engage à assurer au jeune qui a choisi, après le baccalauréat professionnel, d’entrer dans la vie active la possibilité de reprendre une formation – certains dispositifs de formation sont prévus à cet effet. L’engagement de l’État serait important, afin que chacun sache qu’il ne sera pas jugé toute sa vie en fonction du niveau atteint lorsqu’il a quitté le système scolaire pour entrer dans la vie professionnelle.

Tels sont, madame la ministre, les points que je souhaitais souligner. Le scandale absolu, inacceptable, ce sont les dizaines de milliers d’élèves qui sortent du système scolaire sans connaissances générales suffisantes et sans qualification professionnelle. L’apprentissage, l’alternance, l’enseignement technique ne sont pas en concurrence ; ils sont complémentaires. Puisse le Gouvernement le comprendre et appeler, dans ce domaine, à la mobilisation de tous au service de la jeunesse !

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