Intervention de Michel Canevet

Réunion du 2 mars 2016 à 14h30
Trentième anniversaire du baccalauréat professionnel

Photo de Michel CanevetMichel Canevet :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, les membres du groupe UDI-UC sont très heureux de l’organisation de ce débat auquel nous voulons prendre toute notre part. En effet, pour nous, les questions de formation sont absolument essentielles au sein de l’action publique.

Je tiens à remercier le groupe CRC d’avoir demandé l’inscription de ce débat à l’ordre du jour et M. Abate d’en avoir posé le cadre, même si nous allons très certainement diverger dans l’appréciation des solutions à apporter, tant nos approches sont différentes. Quoi qu’il en soit, ce sujet extrêmement important pour les jeunes de notre pays mérite débat.

Le baccalauréat professionnel résulte de la déclaration, en 1984, du ministre de l’éducation nationale, Jean-Pierre Chevènement, estimant que 80 % des jeunes devaient arriver au baccalauréat.

Beaucoup se sont inquiétés de cette déclaration. Certains l’ont interprétée comme la volonté que 80 % des jeunes obtiennent le baccalauréat, ce qui semblait une mission particulièrement difficile à remplir. D’autres ont estimé qu’il s’agissait d’amener 80 % des jeunes au niveau du baccalauréat, de façon à élever le niveau général de formation.

Quoi qu’il en soit, il a fallu mesurer les conséquences d’une orientation de cette nature. En effet, un certain nombre de jeunes qui auraient pu choisir la voie professionnelle se sont sentis déroutés, car ils allaient devoir suivre des études plus générales que celles qu’ils envisageaient. Certes, une réponse a été apportée dès 1985, avec la création du baccalauréat professionnel qui a connu dans les dernières décennies diverses évolutions.

Néanmoins, il faut examiner objectivement la situation actuelle. On constate que 900 000 jeunes âgés de quinze ans à vingt-quatre ans ne sont actuellement ni en situation de formation, ni en situation d’emploi, ni en situation de stage, c’est-à-dire qu’ils sont livrés à eux-mêmes. On doit en déduire que notre système éducatif a failli jusqu’à présent, d’autant que 120 000 jeunes en sortent chaque année en situation d’échec scolaire. Pouvons-nous continuer ainsi ? Non, ce n’est pas raisonnable ! Il faut apporter un certain nombre de correctifs.

Un jeune sur quatre, dans la tranche d’âge de quinze ans à vingt-quatre ans, n’a pas d’emploi, quand le taux moyen de chômage de l’ensemble de la population est de 10 %. Cela montre bien que l’employabilité des jeunes pose un vrai problème et que des efforts de réadaptation et de réorientation doivent être entrepris.

Les élus du groupe UDI-UC ont la conviction que la formation professionnelle est une obligation qui s’impose à l’action publique. Bien sûr, il ne s’agit pas d’orienter l’ensemble des jeunes vers des formations à des métiers ; tous ceux qui le souhaitent doivent pouvoir suivre un enseignement général et acquérir une qualification professionnelle après le baccalauréat. Toutefois, il ne faut pas empêcher les jeunes qui souhaitent s’orienter vers des métiers manuels de le faire, parce que nous avons pu constater, ces dernières années, que les entreprises de certains secteurs ne parvenaient plus à trouver de main-d’œuvre qualifiée leur permettant de fonctionner. Je pense notamment aux plombiers ou aux couvreurs, et à un grand nombre de métiers du secteur du bâtiment. Et c’est la conséquence de la politique qui a été menée, madame la ministre. Un effort de réadaptation doit donc être absolument entrepris dans ce domaine.

Nous, élus centristes, estimons qu’il faut développer une approche identique pour les baccalauréats professionnels et l’apprentissage. Ce dernier constitue une voie essentielle pour la formation. Aussi, je suis heureux que le Sénat prépare un texte de loi consacré à ce sujet. Des signaux extrêmement forts doivent être émis pour encourager l’apprentissage dans notre pays.

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