L'indépendance des journalistes est naturelle à l'AFP. Nous en sommes les garants. Mais elle est avant tout garantie par l'ensemble des 1 500 journalistes de l'Agence. Toute pression extérieure est malvenue, sinon contre-productive. Notre statut protège notre indépendance. L'absence d'actionnaire nous protège à cet égard, tout comme l'absence d'annonceur publicitaire. Suite au traumatisme de l'année dernière, nous avons fait un examen de conscience, un debriefing, pour comprendre l'incompréhensible. Des fautes de jugement personnelles sont apparues, une erreur de jugement manifeste de la part de l'auteur de la dépêche et de la personne de permanence à la rédaction en chef qui l'a validée en l'état. Nous ne nous sommes pas arrêtés là et avons retracé toute la chaîne de transmission et avons identifiés des petites négligences cumulées. Bien sûr nous avions appelé la communication de Bouygues, mais c'était un samedi à l'heure du déjeuner... Il aurait fallu insister, l'arroser de SMS... Nous avons resserré les boulons. Le soir même j'ai envoyé une note rappelant que la fiabilité primait sur tout, y compris la rapidité. Que les décès de personnalités devaient faire l'objet d'une attention particulière, ne serait-ce que pour des raisons humaines. Il s'agissait aussi de rappeler qu'une dépêche est une oeuvre collective. En cas de doute, il faut demander l'avis de ses collègues, de ses supérieurs hiérarchiques. Nos processus ont été rappelés dans des notes aux rédactions. Nous avons aussi approfondi la formation de nos managers : la personne de permanence à la rédaction venait d'être nommée et a eu peur de demander conseil. Nous avons aussi lancé la rédaction d'une charte déontologique. Le premier texte rappelle en dix points les fondements de l'Agence, au premier rang desquels la fourniture d'une information exacte, équilibrée et impartiale. Vient ensuite un texte plus long, sur les pratiques éditoriales et déontologiques. Nous y abordons toutes les situations, dans une perspective très pratique : un journaliste doit-il accepter une invitation ? Comment corriger et reconnaître ses erreurs ? Contrairement à certains médias qui masquent leurs erreurs sur leurs sites Internet en supprimant les informations erronées, nous sommes attachés à être transparents, à afficher les rectificatifs et les points d'erreur. Enfin un troisième document concerne le traitement des sources. Cette charte a été élaborée par toute la rédaction. Ces textes seront validés à la fin du mois et publiés sur notre site.