Intervention de Daniel Percheron

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 16 mars 2016 à 9h30
Audition de Mm. Gilles Pélisson président-directeur général de tf1 jean-christophe thiery président du directoire du groupe canal+ et nicolas de tavernost président du groupe m6

Photo de Daniel PercheronDaniel Percheron :

Notre réunion de ce matin est une réunion de pouvoirs. Ceux qui ont le pouvoir viennent, en toute humilité et en toute liberté, nous rencontrer au sein de notre commission. Mon intervention n'est pas à charge. Rappelons que la République était belle lorsque vous étiez la voix de la France sous Georges Pompidou et que la social-démocratie a voulu la démocratie d'opinion, via l'instauration du quinquennat et l'organisation des primaires. Aujourd'hui, pourrait-on ajouter de manière lapidaire, les téléspectateurs, comme les consommateurs, sont en partie les maîtres du monde.

Afin d'évoquer la proposition de loi présentée par notre collègue, je vais vous conter une anecdote. Un livre, dans les années 2003-2004, qui n'a jamais été démenti, évoquait une réunion, tenue au palais de l'Élysée fin 2001 et consacrée à la stratégie du Président Jacques Chirac pour briguer avec succès un second mandat. Étienne Mougeotte y participait, pour le compte de la chaîne TF1. Un consensus s'est alors établi pour mettre en exergue le thème de la sécurité. TF1, en février 2002, a alors enchaîné jusqu'à huit reportages consécutifs sur ce thème lors d'un journal télévisé. Oh miracle ! Le service public n'a alors pas seulement suivi, mais a surenchéri ! Et nous sommes arrivés à l'épisode final, avec l'affaire Paul Voise, et au résultat de la présidentielle de 2002 que vous connaissez. Les lois, comme le rappelait notre collègue David Assouline, sont toujours nécessaires face à un tel pouvoir lorsque la démocratie se livre à son épreuve de vérité particulièrement forte qu'est l'élection présidentielle.

D'autre part, vous participez, dans l'adaptation douloureuse, presque impossible par moment, du modèle français à la mondialisation, à la mise en scène du procès des élites qui amène notre pays au bord de la rupture. C'est une véritable question que nous devons nous poser. Nous sommes un vieil État-nation et aujourd'hui le monde nous demande de changer. Nous en avons sûrement les moyens et nous hésitons fondamentalement sur la pédagogie. Ce n'est pas le Sénat qui dira le contraire. Vous êtes là à la charnière de cette vérité.

C'est là une véritable question posée aux responsables des chaînes et notamment au président-directeur-général de Canal+, chaîne à laquelle je suis abonné depuis le premier jour, du temps de la présidence d'André Rousselet. Lorsque samedi soir dernier, j'écoutais Thierry Ardisson dans son émission « Salut les terriens ! » offrir une tribune à Mediapart pour manier ce qui pouvait apparaître comme une insulte à l'encontre du Président de la République, je ne peux que vous demander si vous pouvez nous aider à faire en sorte que la France vive la période particulière que nous traversons de manière plus sereine.

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