Monsieur le sénateur, il me paraît important, puisqu’il y a eu de nombreuses questions sur Calais, parfois des approximations, voire des accusations sur l’absence de l’autorité de l’État dans ce secteur, de commencer par vous confirmer l’achèvement dans le calme des opérations d’évacuation de la zone sud du campement dit « de la lande », à Calais, opérations que Bernard Cazeneuve a évidemment suivies attentivement.
Je salue l’ensemble de ceux qui sont intervenus pour qu’elles se déroulent en bon ordre : les services de l’État, les forces de l’ordre, bien sûr, mais également les associations calaisiennes et leurs travailleurs sociaux, qui œuvrent sur place depuis plusieurs mois dans des conditions difficiles. Je tiens à saluer aussi la bonne coopération entre l’État et la ville de Calais.
Des solutions ont été apportées à toutes les situations individuelles. Des abris solides ont été installés dans la partie nord du camp. Des centres d’accueil et d’orientation ont été répartis sur l’ensemble du territoire national, vous le savez. Des départs ont encore été organisés hier.
Je précise que 80 % des migrants se rendant dans ces centres ne reviennent jamais à Calais. Nous sommes passés de 6 000 à 3 700 personnes à Calais en moins de six mois. Mais, à travers ces chiffres, chacun mesure la difficulté et la nécessité de maîtriser le dossier des réfugiés et de leur accueil.
La situation est différente, en effet, à Grande-Synthe.
Le campement, installé depuis plusieurs années, présentait une situation très dégradée, sur le plan tant sanitaire que sur celui de la sécurité. Je rappelle aussi que l’emprise des réseaux d’immigration irrégulière y était très forte.
Comme l’a indiqué Bernard Cazeneuve, déplacer ce campement n’est pas une solution durable. Depuis plusieurs mois, l’État a intensifié ce que l’on appelle les « maraudes sociales », avec des résultats significatifs : de 3 000, le nombre des migrants est passé sous la barre des 1 000. L’installation d’un nouveau campement sans que toutes les procédures garantissant sa sécurité aient été accomplies créera demain d’autres difficultés pour les élus qui ont pris cette initiative et pour l’État.
J’en appelle donc à la responsabilité, à une coopération de meilleure qualité entre les élus de ce secteur, entre le maire et l’État, pour éviter que nous ne nous retrouvions avec des problèmes qui nécessiteront alors de nouveau une opération très importante de l’État.
Sur le dossier de Calais comme sur celui de Grande-Synthe, ou d’autres, comme celui de Lampedusa, où trois d’entre vous, mesdames, messieurs les sénateurs, dont le président Larcher, se sont rendus récemment, je mets en garde contre toute position idéologique, mais vous n’êtes pas dans ce cas, car il faut agir de manière concrète.
Il n’y a pas de solution miracle : il y a un travail patient, quotidien, difficile pour lutter contre l’immigration irrégulière et les réseaux criminels qui l’exploitent, pour convaincre les migrants que Calais n’est plus une voie de passage vers le Royaume-Uni et pour garantir une solution digne pour les personnes et sécurisée – j’insiste sur ce point – pour les migrants.
Sur le plan européen, la France est pleinement engagée sur ce dossier. Le Conseil européen qui se réunit aujourd'hui et demain est particulièrement important puisqu’il est consacré à la question migratoire et aux réfugiés. La France y porte actuellement, par la voix du Président de la République, trois messages principaux.
D’abord, il est impératif de retrouver la maîtrise de l’espace Schengen en renforçant le contrôle aux frontières extérieures. C’est un enjeu de sécurité majeur et la condition pour accueillir au mieux ceux qui demandent légitimement une protection.
Ensuite, il faut définir une coopération efficace avec la Turquie sans remettre en cause les cadres des relations avec l’Union européenne. C’est indispensable pour endiguer le flux des migrants.
Enfin, il faut souligner l’urgence d’une réponse efficace pour prévenir la crise humanitaire qui risque de se développer en Grèce du fait de la fermeture de la route des Balkans.
Sur ces sujets, il ne faut pas uniquement parler. Il faut agir, en traitant les dossiers les uns après les autres. À cet égard, vous pouvez compter, monsieur le sénateur, sur l’engagement du Gouvernement, et notamment du ministre de l’intérieur, pour apporter vite une solution à celui que vous avez évoqué.