M. Cambon a posé une question sur le financement. C'est un sujet qui revient régulièrement à l'ordre du jour de l'assemblée générale, et qui est débattu régulièrement. La clé de contribution est un processus extrêmement compliqué, à la fois technique et terriblement politique, mais le barème vient d'être changé.
Vous serez intéressés de savoir que la Chine est devenue le deuxième contributeur aux opérations de maintien de la paix, passant devant le Japon, qui reste le deuxième contributeur du budget général. Vous le savez, pour les opérations de maintien de la paix, les membres permanents du Conseil de sécurité sont surtaxés et paient 25 % de plus par rapport au barème régulier.
Tout cela change. J'ai connu, il y a vingt ans, la Chine à 1 % du budget des Nations unies : elle est maintenant à plus de 10 %, et ce n'est que justice que de reconnaître l'augmentation de sa richesse.
La Chine, à l'époque de Louis XIV, produisait 30 % de la richesse mondiale. Au moment de la révolution culturelle, dans les années 1970, elle est tombée à 1 %. Elle aspire à remonter sinon à 30 % en tout cas à un chiffre plus en rapport avec la constante historique. Elle est actuellement à 10 % de la richesse mondiale et bientôt à 12 % ou 15 %. Ce sont des tendances de long terme qui se reflètent aux Nations unies - et je crois que c'est une bonne chose.
Allons-nous avoir plus d'opérations à l'avenir ? Je rappelle que nous allons en fermer trois dans les dix-huit à vingt-quatre mois qui viennent, au plus tard. J'ajoute que certains pays nous pressent de réduire rapidement nos missions, voire de les clore. La semaine prochaine, nous allons rencontrer le gouvernement soudanais, qui fait tout pour nous faire croire que le Darfour est une affaire réglée, à l'exception de quelques querelles tribales séculaires, ce qui n'est pas le cas !
Il y a eu, ces deux derniers mois, une offensive énorme de l'armée soudanaise contre le Djebel Marra, au coeur du Darfour, véritable château d'eau de la région, qui est accessoirement la base de repli de ce chef de bande qu'on appelle Abdul Wahid Al-Nour, qui est à la tête d'une des nombreuses armées de libération autoproclamées qui guerroient dans le Darfour. L'armée soudanaise a engagé une division entière dans cette opération, des hélicoptères de combat, des jets, des bombardiers. En l'espace de quinze jours, nous nous sommes retrouvés avec 100 000 réfugiés de plus dans les périphéries du Djebel Marra.
Quoi qu'il en soit, le gouvernement soudanais veut nous convaincre que tout cela est maintenant totalement banalisé, que la situation est rentrée dans l'ordre et que nous n'avons d'autres choix que de rentrer chez nous.
En République démocratique du Congo, le président Kabila nous adore quand cela va mal - je me souviens de la façon dont il m'a embrassé lorsque nous avons battu le M23, il y a deux ans et demi - mais, lorsque les choses vont mieux, il nous demande de partir.
C'est une dialectique compliquée, mais la question est surtout celle des opérations nouvelles. J'ai pris une position très claire : la Syrie, la Libye, le Yémen, à ce stade, ne sont pas des théâtres d'intervention pour les Casques bleus. Pourquoi ? Tout d'abord, il n'existe pas de processus politiques encore confirmé. Une opération de maintien de la paix des Casques bleus n'est pas une fin en soi. Ce sont des outils au service d'une vision politique, d'un projet politique, d'un règlement politique. Tant que celui-ci fait défaut, cela n'aurait pas de sens.