Intervention de Françoise Gatel

Réunion du 22 mars 2016 à 15h15
Santé et travail : repenser les liens dans un contexte de mutations économiques du travail — Discussion d'une question orale avec débat

Photo de Françoise GatelFrançoise Gatel :

Pour autant, l’insatisfaction au travail, liée en particulier au stress, ne cesse de croître. L’EUROGIP évalue ainsi le coût annuel du stress au travail en Europe à 20 milliards d’euros, et 50 % à 60 % des journées de travail perdues y seraient liées.

Dans le contexte de la mondialisation, les entreprises et leurs salariés évoluent dans un environnement extrêmement concurrentiel, nécessitant une réactivité accrue et une performance permanente. La réponse immédiate prévaut sur la réflexion.

Cette immédiateté, et cela a été dit par mes collègues, est également liée à l’essor des outils numériques. Les mails, les téléphones portables, les tablettes rendent plus poreuse la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle.

Par ailleurs, la perception de son propre travail ainsi que les attentes à l’égard des employeurs évoluent, intégrant des éléments subjectifs tels que le sentiment d’accomplissement, la reconnaissance par ses supérieurs des missions réalisées, ou la progression individuelle dans son parcours professionnel.

Les nouveaux risques psychosociaux, souvent plus difficiles à déceler, peuvent emporter des conséquences physiques bien réelles. On pense ici, naturellement, au burn out, considéré par certains comme la maladie du siècle.

Or, si le burn out s’inscrit assez spontanément dans ce débat, le bore out, l’ennui au travail, est encore un sujet tabou. Et pourtant, cette « mise au placard » engendre une souffrance pouvant mener à la dépression, avec la perte de l’estime de soi et le sentiment d’être incapable et inutile.

Parler de santé au travail revient non seulement à exposer les risques et les maladies liées à l’activité professionnelle, mais également à s’intéresser au bien-être des salariés. La relation de la société au travail a beaucoup changé, une valeur croissante étant accordée à la qualité de vie. Mais elle subit aussi les conséquences de la fragilité de certaines vies personnelles et de plus en plus d’agressivité dans les relations humaines. Ainsi le burn out ne pourrait-il être décrit comme une maladie professionnelle, tant il est souvent lié à des circonstances personnelles.

Comment, dès lors, peut-on agir pour améliorer la santé au travail ? Eu égard au temps qui m’est imparti, j’évoquerai seulement trois considérations : les méthodes de management, la médecine du travail et, surtout, le changement de regard de notre société sur l’entreprise.

Les mutations sociétales et les évolutions des modes de travail doivent nécessairement s’accompagner d’une évolution du management. La hiérarchie verticale et autoritaire doit céder la place à des méthodes plus collaboratives et à plus d’écoute du salarié.

Aujourd’hui, en raison, notamment, de l’élévation générale du niveau d’instruction, les managers doivent non seulement savoir convaincre, mais également associer les salariés, quelles que soient leurs fonctions, aux réflexions sur leur process de travail.

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