Je suis très sensible à ce qui vient d'être dit par les intervenants sur les conditions d'exercice de la profession et sur le développement de la précarité des journalistes. Je lis quelques lignes qui se trouvent dans la charte que les syndicats nous ont envoyée et que je connais très bien : « le journalisme consiste à rechercher, vérifier et situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme, commenter et publier une information de qualité. Son exercice demande du temps et des moyens quel que soit le support. Il ne peut y avoir de respect des règles déontologiques sans mise en oeuvre des conditions d'exercice qu'elle nécessite. »
Aujourd'hui ces conditions d'exercice sont précarisées, d'autant plus que l'information s'accélère et est délivrée en temps réel, comme nous le constatons à nouveau, depuis hier, avec ce qui se passe en Belgique. Il n'existe plus de décalage entre une information et sa mise à disposition du public, ce qui pose de nombreux problèmes, dont la maîtrise suppose des rédactions stables, formées, correctement rémunérées. Sinon, nous risquons une information extrêmement fragile, voire suspecte.
Nous n'allons pas traiter le problème de la concentration à travers le texte que nous examinons. Je note que le président du CSA nous a indiqué, lors de son audition, que les règles qui régissent les concentrations sont désormais dépassées. C'est bel et bien une interpellation adressée au législateur. Il est grand temps que nous conduisions à nouveau un travail législatif d'ampleur, qui n'est pas simple, pour repenser le problème de la concentration, en prenant notamment en compte le secteur multimédia. Notre groupe y est disposé.
Enfin, notre groupe a joué un rôle important à l'Assemblée nationale, par la voie de Marie-George Buffet, dans la défense de la protection des sources. Nous prolongerons ce travail dans notre Haute assemblée.
En supposant que nous parvenions à traiter dans la durée le problème de la concentration, la question du pluralisme n'est nullement traitée. Celle-ci implique non seulement d'examiner la diversité des différents médias, mais aussi leur capacité à exister. J'ai pu d'ailleurs constater, comme directeur de presse, que nous sommes dans un pays où créer un journal de presse écrite est extrêmement compliqué, voire quasi impossible. Nous nous vantons pourtant d'être un pays démocratique.
Enfin, je note que chacun relève la confusion entretenue par ce texte entre la question des chartes éthiques et celle du respect des équipes rédactionnelles et de leur travail. Le respect de la charte éthique des journalistes doit être réaffirmé et la reconnaissance des équipes rédactionnelles et leur indépendance parallèlement reconnue. C'est dans ce sens que nous travaillerons.