Intervention de Patrick Eveno

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 23 mars 2016 à 9h00
Déontologie des journalistes et indépendance des médias — Audition

Patrick Eveno, président de l'Observatoire de la déontologie de l'information (ODI) :

S'agissant du problème de la confusion de l'information et de programmes, le CSA ne saurait régenter l'information qui doit éventuellement demeurer sous la lunette attentive d'un organisme totalement indépendant, qui n'est pas nommé par le politique et dont le budget n'est pas voté par les assemblées. Un tel organisme ne doit pas non plus être chargé de l'économie de la branche. Tous les conseils de presse, dans tous les pays démocratiques, sont indépendants. Ainsi, en Belgique, le conseil de déontologie journalistique de Belgique traite des cas déontologiques, que le CSA belge peut, le cas échéant, lui adresser. Le Conseil de presse suisse fait exactement la même chose.

En réponse à M. Grosperrin, l'ODI peut s'occuper des règles de déontologie professionnelle des journalistes, et seulement lui, pour l'instant. Si la représentation nationale ou le Gouvernement décide de créer un conseil de presse, évidemment l'ODI disparaîtra, faute d'objet.

Monsieur Laurent, les règles anti-concentrations sont, pour une certaine mesure, dépassées. Dans un certain nombre de pays démocratiques, la mesure de l'audience globale est considérée comme la meilleure possible, parce qu'une entreprise de média peut disposer de plusieurs supports. En restant sur des règles relativement souples, on assure un juste équilibre entre la concentration et le pluralisme.

Je sais que les journalistes, à juste titre, se plaignent de la précarisation de leur profession. En tant qu'historien, on sait très bien que la précarisation de la société est en route depuis quelques années. Et les journalistes n'échappent pas à « l'Uberisation ».

Madame Férat, de quels outils dispose-t-on ? À l'ODI, nous nous attachons à la traçabilité de l'information, à l'instar de ce qui se passe de la fourche à la fourchette dans le secteur agricole. L'important est de connaître tout le processus d'élaboration de l'information. On pourrait aller jusqu'au bout et ce point répond à l'interrogation soulevée par Mme Mélot. Dans cette sorte de jungle numérique, on pourrait imaginer un label professionnel qui différencierait l'information sourcée, vérifiée et professionnelle d'avec tout ce qui circule par ailleurs. On ne peut interdire la propagation d'informations sur les différents réseaux sociaux, qui s'apparentent parfois aux propos auparavant tenus au café du commerce. Il s'agit d'éviter la confusion pour le public, afin qu'il puisse reconnaître une information diffusée suivant des règles déontologiques.

Enfin, en réponse à M. Carle, l'inflation des lois pose effectivement problème. Il ne faut pas légiférer trop dans le détail, afin de se prévenir une rapide obsolescence des dispositifs.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion