Intervention de Daniel Percheron

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 29 mars 2016 à 14h30
Renforcer le dialogue avec les supporters et la lutte contre le hooliganisme — Examen du rapport pour avis

Photo de Daniel PercheronDaniel Percheron :

Ce texte fait penser à Eugène Sue découvrant les milieux dangereux. Je crois qu'il est profondément injuste. Il est vrai que, supporter lensois depuis soixante ans, je ne suis pas tout à fait neutre. Le football, sorte de tragédie moderne - unité de temps, de lieu et d'action -, constitue un marché planétaire qui fait beaucoup pour la mondialisation sereine. À cet égard, l'apport de ses supporters est nettement supérieur à l'insécurité qu'ils peuvent occasionner.

Les incidents que vous avez mentionnés lors du match, retransmis à la télévision, entre Le Have et Lens, et ceux qui ont eu lieu lors de la rencontre entre Reims et Bastia, méritent une mise au point. Au Havre, l'attitude des forces de l'ordre est loin d'avoir été équilibrée. Les dizaines de milliers de supporters de l'arrondissement le plus pauvre de France - d'un point de vue économique - n'ont pas été bien accueillis ni bien traités. Certes, tout n'est pas permis, et en détruisant 80 sièges, ils ont dépassé les bornes. Un peu agriculteurs dans l'âme, ils ont pris acte que la France rurale pouvait, elle aussi, dresser des barricades impunément... À Reims, les supporters de Bastia n'ont pas été bien traités. Il est vrai que jouer à Bastia est une aventure... Bien sûr, impossible de plaider l'impunité dans les circonstances actuelles.

Mais vivent les supporters ! Qu'ils aient toute leur place dans ce grand marché mondial ! Ils assurent l'identité du football, en constituant son coeur d'adhésion populaire. Ne les stigmatisons donc pas.

Quant aux fan zones, est-il légitime de les maintenir en cette période d'état d'urgence alors que la mainmise économique de l'UEFA sur les grandes compétitions ne fait que s'accroître ? Là encore, c'est le Lensois qui parle, puisqu'à l'occasion d'un match de la coupe du monde de 1998, le gendarme Nivel a été cruellement et irréversiblement blessé à Lens par des supporters allemands. Ces fan zones posent un vrai problème de sécurité. Je sais que M. Lambert est un préfet exemplaire. Cette proposition de loi est justifiée si elle ouvre les clubs de football à l'âme des supporters. Si tel n'est pas le cas, elle me laisse songeur.

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