Intervention de Alain Parant

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 18 février 2016 : 1ère réunion
Audition d'alain parant démographe conseiller scientifique de futuribles international

Alain Parant, démographe, conseiller scientifique de Futuribles international :

Dans les années quatre-vingt-dix, j'ai eu l'occasion de débattre de cette question de la capitalisation avec Denis Kessler qui, pour des raisons démographiques, prédisait l'effondrement du système français de retraite par répartition et mettait en avant les rendements moyens passés élevés des placements financiers mais ne se risquait pas à me garantir a priori les mêmes rendements futurs. Un ancien directeur de l'Ined, Jean Bourgeois-Pichat, a publié à la même époque, dans la revue Population, deux articles soulignant la difficulté de la transition d'un système de répartition vers un système de capitalisation, une transition faisant supporter une sorte de double peine aux actifs du moment.

Ce n'est pas parce que la retraite par capitalisation y est faiblement développée que la France n'est pas concernée. Rappelons que 60 % du CAC40, comme d'autres places boursières en Europe et ailleurs, sont la propriété de fonds de pension américains.

La Suède a réformé son régime de retraites en mettant en place un dispositif dit de « comptes notionnels », dans lequel le montant des retraites est indexé sur l'évolution de l'espérance de vie et de la croissance économique. Ce fut une véritable révolution copernicienne. Nous, nous n'en sommes qu'à des ajustements paramétriques.

Il y a une quinzaine d'années, j'avais plaidé pour une transmission accélérée des patrimoines, une piste de réflexion brillamment développée par André Masson avec son idée de « viager mutualisé ». Aujourd'hui, le patrimoine est détenu à 80 % par les 60 ans ou plus. L'âge moyen de l'héritier au décès de son deuxième parent, qui est l'élément déclencheur de la transmission patrimoniale, est de 60 ans. D'où l'idée de favoriser une transmission plus rapide, au bénéfice notamment des jeunes qui en auraient besoin pour acquérir un logement, même si certains d'entre eux, j'y reviendrai, n'ont pas toujours, en la matière, un comportement très conséquent.

Comment fonctionnerait ce viager mutualisé ? Je possède un patrimoine. Je le liquide, une partie sous la forme de capital pour faire bénéficier les jeunes générations, une partie sous la forme de rente, pour compléter ma pension de retraite et assumer les frais liés au grand âge et à la dépendance.

Pour ma part, je suis favorable à tout ce qui peut favoriser la mobilité des personnes dans le grand âge, je ne suis pas un partisan du maintien à domicile à tout-va.

Il faudrait pour ce faire une révolution des mentalités. Le viager n'est pas une idée populaire.

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