Intervention de Richard Yung

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 30 mars 2016 à 9h38
Audition de M. François Villeroy de galhau gouverneur de la banque de france

Photo de Richard YungRichard Yung :

Ma première question concerne l'immobilier. Nous sommes un certain nombre à être inquiets des discussions en cours à Bâle. Vous nous avez partiellement rassurés en indiquant que la politique concernant les taux resterait inchangée et que « Bâle III » serait conduit à terme avant la fin de l'année mais nous comprenons qu'il y a, malgré tout, une remise en cause du système français, en particulier sur les garanties, avec le sort du système de cautionnement et sur l'évaluation du risque. On perçoit que le modèle anglo-saxon cherche à s'imposer sur un modèle français qui a fait la preuve de sa résilience alors que le premier a abouti à la crise financière de 2007. Les États-Unis pèsent lourds dans les négociations de Bâle et l'on sent qu'ils souhaiteraient déboucher sur de nouvelles réformes, une sorte de « Bâle IV », qui pourraient fragiliser notre modèle. Concernant le quantitative easing (QE), je rejoins les positions du rapporteur général. C'est vrai que cela aurait pu être pire si on ne l'avait pas adopté. Mais, sur le fond, on doit observer que le QE fonctionne bien ou mal selon les cas. Mal au Japon, plutôt bien aux États-Unis, l'Europe étant entre les deux. J'ai en tête les positions de l'ancien gouverneur de la Banque d'Angleterre, très critiques sur ce dispositif mais aussi sur l'existence de taux d'intérêt négatifs. Le gouverneur porte un jugement sévère sur l'euro et préconise un retour à un système d'ajustement par les changes. Je ne partage pas cette analyse mais elle me permet d'en venir à vos propositions en matière de convergence économique en Europe. C'est bien sûr un problème majeur, mais la nomination d'un ministre des finances européen ne suffira pas, de toute évidence, à rapprocher les situations économiques en Europe. La question est politique et les difficultés sont considérables de ce point de vue. Même dans les pays du coeur de l'Europe, des préférences collectives très différenciées prévalent. Entre une Allemagne qui se spécialise sur les exportations avec peu d'investissements publics et une France qui est davantage une économie de demande intérieure, il y a des modèles très différents. Deux chiffres peut-être un peu approximatifs mais qui résument la situation : 8 % d'excédent courant en Allemagne et 8 % de besoin de financement extérieur en France. On voit l'ampleur des efforts et notamment de ce qu'il faut faire pour améliorer la compétitivité française.

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