Vous répétez à l'envi que la politique monétaire ne peut pas tout et on vous l'accorde bien volontiers. Dans votre exposé introductif, vous avez évoqué trois leviers qui permettraient de débloquer la croissance, et notamment la nécessité de mieux financer l'innovation, les réseaux ainsi que, j'imagine, les nouvelles technologies. C'est un point qui me paraît essentiel. Vous avez présenté l'évolution du taux de croissance annuel des crédits accordés aux sociétés non financières (SNF) ; sans doute aurait-il été intéressant de s'intéresser à celui des entreprises innovantes. En effet, il me semble qu'existe aujourd'hui un phénomène de dissociation entre l'ampleur des liquidités injectées par la BCE et les crédits effectivement accordés aux entreprises.
On prend souvent en exemple le modèle américain, qui fait un usage beaucoup plus important du capital-risque. Je voudrais cependant rappeler que, bien souvent, le capital-risque est investi en dehors du système bancaire, en raison de l'existence d'aides d'État. On sait que l'Union européenne a longtemps été hostile à toute aide sectorielle, même si elle a assoupli sa position depuis 2014 en reconnaissant un certain nombre de dérogations en matière de technologies clefs génériques (ou KET). Au-delà du système bancaire privé, qui semble particulièrement frileux sur ces secteurs, ne faudrait-il pas que l'État - par exemple à travers Bpifrance - joue un rôle plus actif dans le financement de l'innovation en France ?