Intervention de François Villeroy de Galhau

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 30 mars 2016 à 9h38
Audition de M. François Villeroy de galhau gouverneur de la banque de france

François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France :

Concernant Airbus et ses sous-traitants, j'insiste sur le fait que les directeurs départementaux de la Banque de France sont tout à fait disponibles au titre de la médiation en cas de difficultés, et cela concerne les entreprises de toutes tailles. Il est également possible de faire appel, en amont, à notre correspondant dédié aux très petites entreprises (TPE).

S'agissant de la question des crédits aux formations politiques, il s'agit là d'un sujet qui pourrait sans doute être abordé avec la Fédération bancaire française (FBF). La Banque de France n'intervient ici qu'en tant que simple superviseur. Il s'agit sans aucun doute d'un sujet important, qu'il faudrait régler rapidement.

Je parlais bien tout à l'heure de l'immobilier de bureau, qui fait l'objet d'une alerte macro-prudentielle. Nous prêtons attention aux éventuels effets secondaires de la politique monétaire mise en oeuvre par la Banque centrale européenne. Elle a pour but de favoriser le financement de l'économie réelle mais on pourrait craindre qu'une partie de ces crédits conduise à créer une bulle financière. Chaque séance du Haut Conseil de stabilité financière, créé par le Parlement par la loi du 26 juillet 2013, est l'occasion de regarder ces questions de très près. Notre conclusion est qu'il n'y a, globalement, pas de bulle mais bien une alerte sur l'immobilier de bureau en Île-de-France. Nous publierons d'ailleurs un diagnostic des indicateurs d'alerte en avril pour consultation avec les professionnels. Au regard de l'évolution des prix, de la baisse des rentabilités locatives, des volumes d'investissement et de la part accrue des financements à levier, nous estimons qu'il existe un risque que le niveau des prix soit déconnecté des fondamentaux économiques. Si nécessaire, mais nous n'en sommes pas là, nous recommanderons des mesures macro-prudentielles à mettre en oeuvre.

S'agissant de la gouvernance économique de la zone euro, vous avez souligné - au point d'ailleurs de m'alerter sur mes propos - ma liberté de ton. Je crois que ma mission, comme celle de tous les banquiers centraux, y compris de Mario Draghi, est de proposer, mais que la décision est politique, au niveau national ou européen. Il est important que nous prenions position en la matière, car la politique monétaire ne peut pas être seule pour agir en faveur de la croissance.

Je pourrai vous transmettre un texte plus long que j'ai écrit et qui explique comment pourrait fonctionner une pleine coordination des politiques économiques à l'échelle de la zone euro. Il ne s'agirait pas d'un ministre des finances au sens strict, comme on l'entend au niveau national : son rôle serait de définir une stratégie collective. Je crois, en tout état de cause, qu'on ne peut pas se résigner à considérer la situation actuelle comme satisfaisante, alors qu'elle produit des effets collectifs non coordonnés. Cela nous fait manquer des points de croissance et des millions d'emplois. C'est d'abord un débat économique et je crois qu'il faut y apporter des solutions pragmatiques. Il faut une coordination pour faire émerger des synergies collectives.

Sur les réformes, je n'irai pas plus avant ; je n'ai pas de catalogue précis à proposer ni du contenu ni de la méthode. Mais, sur les politiques économiques à mener, il est nécessaire d'aller au-delà des théories économiques, et de regarder des exemples pratiques. Il y a des choses en Europe qui marchent sans remettre en cause le modèle social européen, non seulement en Allemagne ou en Espagne, mais aussi plus récemment en Italie ou certains pays du Benelux. Pour enrichir notre boîte à outils, il suffit parfois de franchir la frontière.

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