Intervention de Ali Ahani

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 20 janvier 2016 à 9h32
Audition de s.e M. Ali Ahani ambassadeur de la république islamique d'iran

Ali Ahani, ambassadeur de la République islamique d'Iran :

Ce n'est pas ce que je dis ! Il faut être réaliste : en Iran, on exécute, c'est certain ; c'est d'ailleurs une des raisons qui nous empêche d'avoir des liens avec le Conseil de l'Europe. La loi prévoyant la peine de mort existe. Mais nous sommes très sensibles à ce sujet de l'exécution. Selon des chiffres internationaux, plus de 80 % des exécutions en Iran sont liées à la drogue et plus de 90 % de cette drogue viendrait en Europe. Nous sommes obligés de lutter contre ces phénomènes néfastes. Nous sommes en effet à côté de l'Afghanistan et du Pakistan, dont la frontière peut aisément être franchie.

Les mafias de la drogue nous ont fréquemment demandé de fermer les yeux et de leur assurer le libre passage et en contrepartie ils promettaient de ne plus écouler de drogue en Iran, mais nous sommes résolus à lutter contre ce fléau. Plus de 4 000 membres des forces de l'ordre iraniennes ont été tués par la mafia. Ils ont essayé de distribuer de la drogue à bon marché en Iran et ont créé beaucoup de difficultés, d'ordre social et familial. Certes, l'Iran applique la loi du talion en cas d'homicide, mais nous disposons de plusieurs filtres afin de ne pas commettre d'erreurs. L'islam accorde beaucoup d'importance à la vie humaine. Nous sommes obligés d'agir ainsi, mais nous veillons à promouvoir les droits de l'homme. Nous sommes, certes, un pays ancien, mais notre système démocratique est encore jeune, puisqu'il n'a que trente-sept ans.

On raconte que, lors d'une élection, durant le règne du père du dernier chah, une personnalité politique bien connue en Iran s'était portée candidate. Le décompte n'ayant fait apparaître aucune voix en sa faveur, il a protesté, en disant qu'au moins il était sûr d'avoir voté pour lui-même et a demandé où était son bulletin !

Après la révolution, nous avons veillé au bon déroulement de la démocratie. Cela nécessite cependant du temps, notre pays ayant vécu durant des siècles sous un système dictatorial. Nous avons déjà changé beaucoup de lois, en particulier en faveur des femmes. C'est un élément rare dans les autres pays de la région, qui peut même parfois faire défaut en France !

Des critiques se font également entendre en Iran à propos du grand nombre de candidatures invalidées. On a accepté environ 6000 candidats pour 290 sièges. Selon la loi, il existe une procédure de contestation, que le président a demandé de respecter.

Pour ce qui est du pétrole, nous avons toujours essayé de réagir comme un pays responsable. Nous ne devons pas payer le coût pour les autres. Durant les années précédant les sanctions, nos exportations s'élevaient à 2,1 millions de barils par jour. Lorsque les sanctions ont été appliquées, l'Arabie saoudite et d'autres pays ont essayé d'occuper la place laissée vide par l'Iran. Avant la levée des sanctions, nous exportions environ 500 000 barils par jour ; ce chiffre va passer à un million de barils par jour. C'est notre droit. Ils se sont enrichis durant des années : ils doivent maintenant réduire leur production afin de nous permettre de tirer parti de nos ressources.

L'économie de presque tous les pays pétrolier est trop dépendante du pétrole. C'est regrettable. Grâce ou à cause des sanctions, nous avons essayé de réduire notre dépendance pétrolière. Le gouvernement iranien a pris soin, pour le futur pour que notre nouveau budget annuel ne dépende pas du pétrole à plus de 21 %. Nous ne cherchons pas à déclencher une guerre du pétrole ; nous sommes convaincus qu'il faut préserver l'équilibre du marché et rester attentifs à ne pas aller en ce sens.

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