Mes chers collègues, je suis heureux d'accueillir en votre nom le professeur Henry Laurens, professeur au collège de France, qui tient la chaire d'histoire contemporaine du monde arabe, et qui a bien voulu accepter de nous éclairer sur la situation du Moyen-Orient.
Monsieur le professeur, vous avez déjà contribué à nos travaux, en particulier à l'occasion d'un rapport de M. Cambon. On connaît la pertinence de votre analyse et nous sommes très intéressés par les échanges que nous voudrions avoir sur cet Orient très compliqué.
Je signale aux uns et aux autres que cette audition est retransmise en direct sur le site Internet du Sénat. Un enregistrement sera consultable à la demande sur ce site. Je relève ce point pour que tous les orateurs en soient bien informés. Nous avons en effet vu qu'un ambassadeur avait été invité à donner des explications suite à des propos tenus devant le Sénat par l'ambassadeur Orlov. C'est la vertu d'Internet qui permet à nos débats de pénétrer dans la vie diplomatique.
Venons-en au sujet de cette réunion. Les questions sont multiples. Nous devons plus particulièrement essayer d'éclairer trois grands domaines.
Le premier domaine concerne le conflit israélo-palestinien et les initiatives qui ont récemment été prises, notamment françaises. On a le sentiment que les choses continuent à se détériorer. Sommes-nous à la veille d'une troisième Intifada ? Comment voyez-vous les choses et comment sortir de ces impasses ? Une énième relance du processus de paix est-elle aujourd'hui perceptible ?
Le deuxième domaine est relatif à la crise syrienne et au processus de transition politique. Comment voyez-vous ce processus ? Comment la place de Bachar el-Assad peut-elle se définir dans ce dispositif complexe et dans ces négociations, avec l'impact des différentes autres tensions qui ont pu se développer entre les États-Unis et la Russie, la Russie et la Turquie, l'Iran et l'Arabie saoudite, etc. ?
Enfin, comment analysez-vous les désaccords entre l'Arabie saoudite et l'Iran, et peut-être plus généralement entre le monde sunnite et le monde chiite, qui pourraient être fondamentaux ou constituer des rivalités incompatibles sur le plan régional, les intérêts des uns et des autres l'emportant finalement sur celle de la Syrie elle-même ?
Je vous propose de nous faire un exposé initial au terme duquel nous pourrons vous poser un certain nombre de questions. Mes collègues sont très curieux de vous entendre et nous vous exprimons notre gratitude pour votre présence.