Monsieur le professeur, vous nous aidez à décrypter une carte éminemment complexe, car une multiplicité d'acteurs se superposent et interagissent. L'actualité évolue finalement à une telle vitesse qu'il y a un mois, on n'aurait peut-être pas tenu les mêmes propos, quand on voit par exemple ce qui se passe entre l'Arabie saoudite et l'Iran.
Pendant très longtemps, cette région du monde a été dominée par des régimes laïques baasistes, comme en Irak ou en Syrie, qui avaient au moins pour conséquence d'assurer une forme de paix - même si cela ne constituait pas un exemple de démocratie. Or, de plus en plus, la dimension religieuse a transformé les choses. On le voit bien dans l'affaire qui secoue l'Arabie saoudite et l'Iran, qui n'est que la répétition ultime du conflit entre chiites et sunnites, avec en quelque sorte une primauté du religieux sur la politique. Comment voyez-vous l'évolution de ces rapports ? Il s'agit de deux poids-lourds de la région possédant de nombreux moyens, dont certains économiques.
J'aurais par ailleurs aimé connaître votre sentiment sur l'évolution de la Turquie, la manière dont vous envisagez le rôle et l'intervention de ce pays dans la géopolitique de la région.