Intervention de Jean-Yves Le Drian

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 15 décembre 2015 à 15h03
Audition de M. Jean-Yves Le drian ministre de la défense

Jean-Yves Le Drian, ministre :

Il me semble que la position turque n'est plus ambiguë, toutefois un réel effort reste à faire pour mettre fin à la porosité d'une partie de la frontière entre la Turquie et la Syrie.

J'en viens à la question de l'Arabie Saoudite. Nous avons de vraies attentes sur la diplomatie saoudienne qui a un rôle essentiel à jouer, par exemple, pour fédérer les oppositions syriennes.

S'agissant de l'aide que nos partenaires européens nous fournissent, j'ai déjà cité l'Allemagne et l'effort très important qu'elle accomplit. Le Royaume-Uni soutient la coalition tant au niveau naval qu'au niveau aérien. Je ne connais pas un seul pays européen qui n'ait pas dit qu'il viendrait soit en renfort au Levant, soit en allégeant par son action l'effort de la France sur d'autres théâtres, tels que le Mali, la République Centrafricaine. C'est une réelle évolution, un effort qui n'avait pas encore été consenti.

En réponse à la question prospective posée par M. André Trillard, j'espère la fin très prochaine du conflit en République Centrafricaine. Il me semble qu'en matière de sortie de crise le Mali est un cas d'école très positif. Première étape : face à une offensive terroriste, le gouvernement légal appelle la France qui intervient, enraye et neutralise la menace. Deuxième étape, les Nations unies interviennent, se déploient et assurent la police sur l'ensemble du territoire. Troisième phase du processus, l'Union européenne participe en formant l'armée malienne. Quatrième phase : un processus démocratique permet l'élection de l'assemblée parlementaire et du Président. Cinquième étape, les problèmes avec les groupes signataires qui auraient pu aboutir à une guerre civile sont réglés diplomatiquement par les protocoles d'Alger et de Bamako notamment. Enfin, sixième étape, une conférence de l'OCDE se réunit et définit les termes d'une reprise de la croissance, et le taux de croissance repart à la hausse. Ce cheminement constitue une référence. Je souhaite que ce modèle puisse s'appliquer ailleurs.

Il s'est passé à peu près la même chose en RCA même si le point de départ n'était pas le terrorisme mais un conflit politique, ethnique et religieux. Le même processus a ensuite permis l'association de l'ONU et de l'Union européenne, puis d'envisager la sortie de crise.

En Irak, d'une certaine manière, on va entrer dans le même processus, ce sont les soldats irakiens qui vont libérer leur pays et un processus démocratique va ensuite pouvoir se mettre en place.

L'action militaire ne permet pas tout, elle pose les conditions d'un règlement politique et diplomatique des conflits quand elle est bien menée.

La réunion est levée à 16 h 36.

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