Intervention de Marie Cheval

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 9 mars 2016 à 9h10
Évolutions de la banque de détail — Auditions

Marie Cheval, directrice générale de Boursorama :

Un mot sur Boursorama, qui est peut-être un peu moins connue que BPCE. Boursorama est une filiale du groupe Société générale créée il y a vingt ans qui exerce trois métiers.

Le premier, pour lequel il a été créé, est celui de la bourse en ligne, métier qui ne croît plus beaucoup en France du fait de la désaffection des actionnaires individuels pour la bourse - mais ce n'est pas ici le sujet.

Le second métier de Boursorama concerne l'information financière, avec le portail Boursorama.

Le troisième métier, développé à partir de 2006, est celui de la banque en ligne, aujourd'hui principale activité de Boursorama, qui se développe avec un peu plus de 750 000 clients aujourd'hui.

Tout d'abord, j'insiste sur le fait que les contraintes que Jean-Yves Forel a très bien décrites - taux, contraintes économiques et réglementaires, évolution des comportements des clients - pèsent de la même façon sur les banques en ligne, notamment les deux premières.

J'ajoute que le coût croissant des exigences de sécurité que nous devons à nos clients nécessite des investissements de plus en plus lourds, notamment en matière de sécurité des données. Il faut se battre tous les jours contre les hackers.

Bien évidemment, les banques en ligne bénéficient plutôt aujourd'hui de la contrainte que représente l'évolution des comportements des clients, qui veulent être plus autonomes et utiliser de plus en plus leur mobile.

Je confirme les chiffres cités par Sébastien Declercq concernant la part de marché des banques en ligne aujourd'hui en France, qui représente environ 7 % à 8 % des parts de marché en stock. En flux, on estime qu'un compte sur trois s'ouvre aujourd'hui en France dans une banque en ligne. Les banques en ligne gagnent donc des parts de marché, la multibancarisation tirant beaucoup le marché de la banque de détail.

Pourquoi les banques en ligne se développent-elles ? Ceci est très fortement lié à l'évolution des attentes des clients, la banque de détail constituant une industrie de services comme les autres. Les clients désirent une promesse claire et que l'on tienne. Leurs souhaits sont tous différents : certains veulent disposer d'une agence, d'autres non. Ceux-là se tournent plus naturellement vers les banques en ligne.

Plus globalement, on recense trois grandes évolutions dans les comportements des clients. Ils s'aperçoivent tout d'abord qu'ils se rendent de moins en moins dans leur agence bancaire, tout comme ils fréquentent de moins en moins d'autres réseaux.

Par ailleurs, Internet a beaucoup favorisé la comparaison. Les clients comparent tous les services et recherchent de plus en plus le meilleur prix pour la relation qu'ils veulent développer.

La troisième évolution vient de la généralisation du smartphone, de la 3 G et, à présent, de la 4 G. Tout le monde souhaite utiliser de plus en plus son mobile.

Les banques en ligne ont mis du temps à prendre des parts de marché. Quand Boursorama a été lancée en 2006, peu de clients se tournaient vers ces solutions. Nous étions alors plutôt une banque de geeks parisiens. Aujourd'hui, de plus en plus de Français se tournent vers la banque en ligne ; nos clients sont de plus en plus représentatifs de la population française.

Un mot sur le modèle des banques en ligne, qui est très différent de celui des banques traditionnelles. Tout d'abord, nous avons la chance d'avoir été lancés plus tard, et sommes nés avec Internet, ce qui facilite les choses. Il existe également une volonté de rompre avec un certain nombre de paradigmes de la banque de détail. L'absence d'agence signifie moins de coûts, et l'on peut donc rendre de la valeur aux clients. L'architecture très ouverte est par ailleurs la règle sur Internet : on peut trouver des produits de Boursorama chez Boursorama, mais pas seulement. Par ailleurs, nous cherchons à rendre le client autonome : il peut faire tout ce qu'il veut à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, et depuis n'importe quel terminal, qu'il s'agisse d'un ordinateur, d'une tablette ou d'un mobile.

L'autonomie du client ne veut pas dire que nous n'avons pas de contacts avec nos clients, au contraire, mais ce ne sont pas des contacts physiques. Enfin, nous proposons une gamme de produits complète mais simple, et entièrement accessible en ligne.

La banque en ligne a évidemment beaucoup d'avenir devant elle. Les forts taux de croissance de Boursorama et d'autres acteurs de la banque en ligne en témoignent. La stratégie du groupe Société générale est de considérer qu'il existe des attentes très différentes selon les clients. Ce qui compte est donc de tenir une promesse claire et de répondre aux attentes du client, qui est d'obtenir le juste prix en fonction de la relation qu'il attend. Ces promesses s'intègrent, au sein du groupe Société générale, dans des marques et des banques différentes : Crédit du Nord, banque régionale traditionnelle, Boursorama, banque en ligne - toutes deux avec de très forts taux de recommandation de la part des clients - et Société générale.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion