De toute évidence, les évolutions qui ont été décrites vont être lourdes pour les banques de détail et pour les clients.
J'axerai ma présentation sur la question du coût des banques, des frais, de la concurrence et de la mobilité.
Les banques sont-elles moins chères qu'il y a dix ans ? La réponse est difficile à apporter, les tarifications ayant beaucoup évolué. On a précédemment plutôt dit du mal de la réglementation. Pour l'UFC-Que choisir, la représentation nationale peut être fière des avancées réalisées en termes de réglementation sur les frais bancaires, qu'il s'agisse de la transparence qui a été imposée, en particulier le fait de fournir une liste standardisée de tarifs en tête de brochure permettant la comparaison, ou d'avoir plafonné les frais d'incidents de paiement. Ces commissions d'intervention pesaient très lourdement sur un public fragile, avec des répétitions de frais à un niveau extrêmement élevé et pénalisant pour ces populations. C'est donc une bonne chose que ces tarifs aient pu être plafonnés par la loi.
Certains tarifs ont baissé, d'autres ont augmenté. Le bilan global est donc difficile. On a observé, au moins au niveau du secteur bancaire, que l'imagination est au pouvoir, dans la mesure où chaque fois qu'une tarification est plafonnée ou mise en lumière par la transparence et la comparabilité, les facturations se déportent sur d'autres frais.
L'exemple qui a beaucoup agité les consommateurs et la presse ces derniers mois concerne les frais de tenue de compte. Nous avions alerté l'opinion publique dès 2013 sur le sujet, en ayant déjà constaté à l'époque une montée de cette généralisation des frais de tenue de compte, qui s'accentue aujourd'hui. Les arguments, à nos yeux, ne sont pas concluants, en particulier quand il s'agit de dire que les applications Internet coûteraient extrêmement cher : d'une part l'usage des canaux numériques permet des économies, d'autre part c'est un mouvement qui a été poussé par les banques elles-mêmes, qui ont tout fait pour inciter les consommateurs à passer par Internet. L'argument est donc étrange.
La question des taux bas est par ailleurs réelle, mais que se passera-t-il quand les taux remonteront ? L'argent gratuit n'a qu'un temps. Il viendra un moment où les taux se normaliseront, c'est une évidence : ce jour-là, les frais de tenue de compte disparaîtront-ils ? On peut avoir des doutes !
L'enjeu, pour arriver à contenir les frais et rendre un service au juste prix au consommateur, passe par la concurrence et la mobilité bancaire. En France, 3 % des clients changent de banque chaque année, la moyenne des grands pays européens étant de 9 %. Cette faible mobilité bancaire ne semble toutefois pas corrélée au taux de satisfaction de la part des consommateurs à l'égard des banques de détail.
Il existe donc des freins à la mobilité. Ceux-ci tiennent à la difficulté de comparaison entre les tarifs. Des progrès ont été réalisés, comme la standardisation d'un certain nombre de tarifs, l'émergence de comparateurs bancaires en ligne grâce à des acteurs privés à but lucratif ou non lucratif, comme l'UFC-Que choisir, ou au Comité consultatif du secteur financier (CCSF), dont le comparateur de tarifs bancaires qui vient d'être lancé constitue une première étape vers une offre publique de comparaison des frais.
C'est un premier élément qui permet de prendre conscience des avantages que peut représenter la mobilité bancaire, car il existe une véritable méconnaissance des consommateurs quant à ce que leur coûte leur banque, même si l'on trouve désormais un récapitulatif de frais et des informations sur le niveau possible d'économies. Toutefois, il existe, même entre banques de détail disposant d'un réseau physique, des écarts de tarifs extrêmement significatifs qui peuvent rendre la mobilité intéressante.
Par ailleurs, nous attendons beaucoup de la mise en place par la loi, l'année prochaine, d'un service d'aide à la mobilité qui permettra de faciliter ces démarches.
Enfin, nous avions chiffré l'an passé les économies possibles pour les consommateurs dans un scénario de raffermissement modéré permettant une baisse moyenne des tarifs de 15 %, ce qui est ambitieux mais réaliste comparé aux écarts existant entre réseaux, en prenant comme référence une part de marché des banques en ligne de 10 %. Ceci représenterait pour les consommateurs une économie potentielle de près de 2 milliards d'euros par an en frais bancaires. L'enjeu de la concurrence est donc vraiment important.
La mobilité et la concurrence sont nécessaires pour que la réduction de réseaux se traduise pour les consommateurs par une diminution des coûts, et non uniquement par une restauration ou une augmentation des marges du secteur bancaire.