Le modèle français de banque repose sur le principe de la banque universelle, dans lequel on intègre un grand nombre de métiers : les paiements, le crédit, l'épargne et même les produits d'assurance, qui forment aujourd'hui un bouquet de services qui sont présentés aux consommateurs.
Ce modèle est assez spécifique. Il explique aussi pourquoi la fidélité des clients est plus importante en France que dans les autres pays, le nombre de liens qui existent entre une banque et son client étant de l'ordre de huit à dix produits en moyenne par client.
Ce modèle de banque universelle va-t-il survivre ? Comment fait-il face à l'émergence des nouveaux canaux ?
Sur le plan de l'évolution internationale, en matière de distribution, les acteurs bancaires suivent plutôt les comportements, sans être précurseurs. Les établissements bancaires qui s'adaptent le plus vite aux nouveaux comportements, notamment à la téléphonie et à Internet, sont plutôt les acteurs du Nord de l'Europe - Royaume-Uni, Pays-Bas, pays nordiques - qui ont beaucoup investi dans ce domaine. Le fait que le mobile constitue aujourd'hui un vecteur très puissant de communication crée les conditions du développement d'acteurs comme Orange ou Boursorama avec un certain succès.
On peut s'attendre à ce que cette tendance se poursuive et que la plupart des acteurs bancaires développent des stratégies omnicanales, afin d'accompagner les besoins du consommateur selon son envie et le canal qu'il choisit, suivant un parcours très fluide lui permettant d'entrer dans une agence pour demander une information, de poursuivre sur son téléphone mobile, et éventuellement de conclure par un autre canal.
Ces évolutions posent le sujet du modèle de banque universelle, qui a quand même ses vertus, notamment parce qu'il permet de diversifier la gamme de produits pour le consommateur et les risques pour la banque.
Les directives européennes et la réglementation ont créé les conditions pour de nouveaux acteurs européens, notamment dans le domaine des paiements. Hors d'Europe, PayPal a connu un succès planétaire. Ceci pourrait avoir des conséquences sur le modèle économique des acteurs bancaires. Si cette segmentation par métier devait s'accentuer, elle pourrait remettre en cause les équilibres économiques des acteurs bancaires français, qui ont aujourd'hui des marges assez faibles sur les crédits immobiliers et ne facturent pas nécessairement tous les coûts mais, a contrario, des services plus spécifiques pour équilibrer leur modèle. Une verticalisation des métiers pourrait créer une symétrie entre les coûts et les revenus des acteurs, ce qui n'est pas aujourd'hui tout à fait le cas.