Intervention de François Marc

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 9 mars 2016 à 9h10
Évolutions de la banque de détail — Auditions

Photo de François MarcFrançois Marc :

Quelqu'un a parlé d'un « pincement des marges opérationnelles des banques ». Un pincement peut faire mal, mais on constate à la sortie 6 milliards d'euros de résultats pour BNP Paribas, 4,5 milliards d'euros pour Société générale. Le pincement n'a donc pas été excessivement douloureux !

Quand on évoque ce sujet - et la commission des finances rencontre régulièrement la fédération bancaire française (FBF) - on entend dire que la régulation mise en place est pénalisante du fait des critères à respecter à la suite des accords de Bâle. On nous met également en garde contre toutes ces dispositions qui pourraient pénaliser un peu plus encore la rentabilité.

Or, les banques ont aujourd'hui de quoi fonctionner dans de bonnes conditions. La Banque centrale européenne injecte 60 milliards d'euros par mois. En cas de problèmes de trésorerie, on pourrait disposer de moyens d'action à des taux dérisoires. Pourquoi l'argent ne va-t-il donc pas davantage vers l'économie ? C'est un peu la question que tout le monde se pose !

J'ai le sentiment que notre société recherche plutôt ce qui est rentable, spéculatif, qui va permettre du rendement. J'en veux pour preuve le fait que, si les banques ne se développent plus aujourd'hui, elles n'en créent pas moins des réseaux dans la finance parallèle. Tout le monde sait bien que le shadow banking, qui représente à peu près 50 % de l'activité financière non régulée, est en relation très étroite avec le système bancaire régulé. C'est ce fonctionnement en réseau, grâce à des filiales diverses et variées, qui permet d'obtenir la rentabilité.

Les choix stratégiques qui sont faits ne contiennent-ils pas une des explications du fait que l'argent va plutôt à l'argent, recherche de la rentabilité et du risque et essaye de dégager des profits ? Dès lors, le financement de l'économie, qui peut se révéler parfois trop risqué, n'est pas forcément privilégié par les banques.

C'est un des éléments d'explication à propos desquels j'aimerais obtenir le point de vue des deux orateurs que j'interpelle à ce sujet.

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