Intervention de Jean-Yves Forel

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 9 mars 2016 à 9h10
Évolutions de la banque de détail — Auditions

Jean-Yves Forel, directeur général de BPCE :

Je n'ai pas dit qu'on allait fermer des agences : j'ai dit qu'on devait adapter notre modèle de relations.

J'ai beaucoup parlé du conseiller. Vous avez raison : il y a bien longtemps qu'on ne vient plus en agence pour réaliser des opérations que l'on peut faire de manière beaucoup plus simple.

Vous avez dit - et vous avez raison - que la plupart des contrats pourront être signés électroniquement. Chez nous, ils représentent déjà 25 % du total. On vient donc de moins en moins en agence pour cela.

Cependant, je reste persuadé que le conseiller conservera un rôle très important, par exemple en matière de prêts, pour discuter des capacités de remboursement, etc.

Peu de gens réalisent encore aujourd'hui des opérations simples en agence. Il n'existe plus beaucoup de guichetiers, mais les emplois de conseillers nécessitent des compétences financières, fiscales, techniques, et surtout une capacité d'écoute et de compréhension des situations, qui sont très différentes d'un client à l'autre, qu'il soit particulier ou professionnel.

On a donc un besoin de s'adapter, dans un contexte de pincement des marges. Certes, les coûts de refinancement ont baissé mais, en face des crédits, dans nos bilans, on a des ressources qui sont parfois rémunérées, réglementaires. La diminution de ce rendement n'a peut-être pas été de même nature que la baisse des conditions de financement. Nous avons également des charges - agences, conseillers. Il s'agit d'un coût de collecte. Celui-ci, à ma connaissance, n'a pas baissé, les conditions de mise en oeuvre étant conformes à ce qui se passe dans l'économie en général.

Pour des taux de refinancement de 2 %, la rémunération des conseillers, le traitement des opérations, les coûts informatiques et les coûts immobiliers des agences ne pèsent pas dans les mêmes proportions et ne suivent pas la même évolution à la baisse. C'est ce qui explique que les marges se sont réduites entre le rendement des crédits et le coût de la collecte.

C'est un phénomène très important. On a pu se focaliser ici ou là sur les commissions que l'on facture, mais il faut se rappeler que, dans le revenu des banques de proximité, ces commissions représentent peu de chose. La majorité du chiffre d'affaires de la banque de proximité, c'est la marge d'intermédiation.

Certes, le coût de la banque a diminué durant les dix dernières années, les crédits souscrits par les clients ayant beaucoup baissé. C'est bien du pouvoir d'achat qui est entre les mains des ménages.

Enfin, vous nous avez interrogés sur la banque de proximité. Vous évoquez la rentabilité des groupes. Il faut bien distinguer les deux : la banque de proximité apporte parfois une contribution minoritaire à un résultat global d'un groupe, qui peut agir dans beaucoup de territoires et beaucoup de métiers.

Pour ce qui est des distributeurs automatiques de billets, j'ai dit qu'il y en avait beaucoup. En fait, beaucoup de banques, au départ, ont mis plusieurs distributeurs dans le même point de vente. Il faudra également régler un problème qui se pose depuis plusieurs années, celui des zones à faible densité, plutôt rurales : comment faire pour assurer ce service très utile - même si l'usage, en France, de la monnaie fiduciaire diminue et va continuer à diminuer, tout simplement parce que ce sera plus pratique pour nous tous de payer un café sans avoir de monnaie dans sa poche.

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