Tout ce que l'on a décrit se déroule bien évidemment sur nos territoires, mais également à l'étranger.
L'évolution a commencé. On l'observe depuis plus de cinq ans, avec des évolutions assez sensibles des modèles de banque de proximité, où l'on trouve tous les points de contact, digitaux et physiques.
En France comme à l'étranger, on constate une diminution de 5 % à 6 % par an de la fréquentation des agences bancaires. C'est vrai aussi des bureaux de poste. Cela ne signifie pas que les agences vont disparaître, mais elles doivent se réinventer. Elles deviennent un peu plus légères, se dédoublent avec les distributeurs automatiques. De nouvelles formes d'agences vont évoluer pour être moins chères et conserver un peu de proximité.
Je suis totalement d'accord pour ce qui est du conseil : les agences vont conserver toute leur légitimité dans la compréhension des besoins et pour apporter des conseils aux clients. Ce qui va se dématérialiser, ce sont les transactions. C'est déjà le cas et les choses vont se poursuivre : de plus en plus de services vont se dérouler sous forme électronique.
Que se passe-t-il en France, et comment cela varie-t-il ? Le système français comporte deux points spécifiques. Tout d'abord, les deux tiers de l'activité sont portés par les acteurs mutualistes, qui ont une vraie proximité avec les territoires. Le nouveau président du Crédit agricole a rappelé, ce matin, son ambition de rester au contact des territoires. Je pense que le groupe BPCE est dans la même démarche. D'une manière générale, c'est une spécificité française qui nous donne la capacité d'agir et d'influencer le maillage territorial, à travers les caisses locales et régionales.
En second lieu, on trouve, à l'autre bout de l'échelle, la Banque postale, que le Trésor a souhaité créer il y a quelques années, qui a aujourd'hui toute sa place sur le marché français et qui repose sur des agences postales encore très nombreuses. On pourrait dire la même chose des agences postales que ce que j'ai dit tout à l'heure à propos des agences bancaires. Une très grosse refonte est intervenue dans les bureaux de poste un peu partout en Europe, voire à des niveaux plus importants.
L'accessibilité des services financiers aux populations rurales, et notamment aux populations fragiles, constitue un véritable atout. Ce n'est pas parfait, mais on n'a pas à en rougir. Je sais que ceci est au centre des préoccupations des pouvoirs publics et des acteurs bancaires.
Pour ce qui est du futur, vous avez cité Amazon. On pourrait également parler de Google, qui sait avant tout le monde qui va acheter une voiture, un réfrigérateur ou une télévision, qui va déménager, et qui peut donc être à la source d'événements, ce qui lui permet le cas échéant d'ouvrir de nouveaux services, notamment de type bancaire ou assurantiel.
Aujourd'hui, on n'a observé nulle part dans le monde de nouveaux concurrents totalement révolutionnaires qui aient embarqué une grosse partie de l'activité. Certes, il existe PayPal dans le domaine du paiement. C'est peut-être l'exception. Toutefois, dans les services financiers de proximité, cela ne s'est pas encore produit. C'est cependant une menace. Si elle se confirme, elle ne fera qu'accentuer la pression sur le modèle économique dont on a parlé.