Il s'agit d'un large panorama de questions.
Monsieur le sénateur Perrin, vous disiez que j'ai dressé un tableau idyllique de la situation. Je ne le crois pas, et en tout cas je ne le veux pas. Je ne dis pas que les choses sont simples. J'ai rappelé que la société est conservatrice. Vous disiez que nous n'avons pas la même analyse. Je pense au contraire que nous sommes d'accord. J'ai bien rappelé que le Qatar, lors des printemps arabes, avait transformé sa diplomatie de médiation en diplomatie militante, en utilisant tous ses moyens, jusqu'aux moyens médiatiques.
Cependant, depuis l'arrivée du nouvel émir, les choses sont différentes. Le précédent Premier ministre était également ministre des affaires étrangères. L'actuel Premier ministre est ministre de l'intérieur. Cela pourrait apparaitre seulement symbolique mais Ceci illustre assez bien le recentrage, y compris sur la lutte anti-terroriste. La volonté de rôle de médiation et non plus une diplomatie militante, les Qatariens estiment que c'est un élément de leur sécurité, en utilisant les moyens importants dont ils disposent. Je crois donc que nous avons la même analyse.
Pour ce qui est de l'influence dans notre pays, je suis ambassadeur : c'est à la représentation nationale de décider de ce qui est pertinent ou non. J'essaie d'être le plus factuel en me bornant aux faits, sans m'attacher aux représentations.
De façon factuelle, la France est le deuxième pays d'investissement du fonds souverain qatarien, après la Grande-Bretagne, pour environ 30 milliards de dollars. Les investisseurs privés y ajoutent sans doute une dizaine de milliards de dollars.
La plupart de ces moyens sont investis soit dans l'immobilier, individuel ou hôtelier, soit dans la prise de participations dans de très grandes entreprises. Cela fait partie de la stratégie qatarienne de diversification des ressources. Il arrivera bien un moment où le Qatar aura moins de ressources venant des hydrocarbures. Il faut donc se diversifier. On peut le faire grâce au sport, ou en prenant des parts de 3 %, 4 %, 5 % dans les entreprises. Les grandes entreprises françaises ou étrangères qui analysent l'investissement du fonds souverain estiment plutôt qu'il s'agit de partenaires de long terme, qui influent très peu sur les décisions stratégiques, et qui ne sont là que pour garantir un revenu.
Quant au PSG, selon une récente évaluation, il représente 190 millions de taxes et d'impôts annuels et cinq cents emplois directs.
S'agissant de l'hôtellerie de luxe, Katara Hospitality a acheté quatre hôtels de grand luxe en France. Sans vouloir porter de jugement, je pense que les investissements qui ont été réalisés contribuent à l'attractivité de la France qui, pour Paris tout au moins, connaissait un important déficit dans le domaine de l'hôtellerie de grand luxe comparé aux autres capitales. Ces investissements importants ont permis d'y remédier pour partie.
Une polémique a récemment eu lieu au sujet du fonds en faveur des banlieues. Ce fonds n'a jamais existé comme tel. Il s'agit d'une initiative d'un certain nombre de gens venus de France. Les Qatariens se sont montrés dans un premier temps intéressés, puis ont compris que ce n'était pas acceptable. Ce fonds s'est alors transformé en un fonds commun de soutien à « Future French Champions », cofinancé par le Fonds souverain qatarien et la Caisse des dépôts, et s'adresse aujourd'hui à des entreprises innovantes ou à des ETI. Ceci n'a strictement aucun lien avec une communauté ou une population particulière. Je comprends que l'on puisse se poser des questions, mais ce n'est pas avoir une vision idyllique qu'essayer de décrire la réalité.
La coupe du monde de football de 2022 est un sujet très intéressant. Je ne suis pas capable de juger s'il y a tricherie ou non. Je n'en sais rien. Les procédures actuellement en cours concernent avant tout d'autres coupes du monde...