Intervention de Gérard Longuet

Réunion du 17 mai 2016 à 14h30
Stockage réversible en couche géologique profonde des déchets radioactifs — Article unique, amendement 1

Photo de Gérard LonguetGérard Longuet :

C’est un combat permanent contre trois risques. Le premier, c’est le risque géologique. C’est à mon avis le plus prévisible, le plus maîtrisé, et la stabilité géologique me rassure profondément.

Le deuxième risque est celui de la logistique cinétique, c’est-à-dire de la gestion, sur plusieurs dizaines d’années, de milliers de colis nucléaires. Il s’agit d’une affaire beaucoup plus compliquée. Comme l’a dit fort justement notre rapporteur, cela demande un très haut niveau de technicité, car nous sommes dans une logique de télémanipulation, de télécommande, de surveillance à distance où l’intervention humaine est extraordinairement difficile, avec une obligation absolue de compétence.

Le troisième risque est économique : il faut avoir l’argent pour faire fonctionner tout cela.

Des trois risques, le risque géologique est sans doute le moindre, même si je reconnais que l’argilite, par sa souplesse, assure l’étanchéité nécessaire. Toutefois, en raison d’une certaine souplesse toute relative, celle du béton, le retrait des colis est sans doute plus difficile que s’ils étaient enfouis dans le granit, par exemple – plus difficile, mais pas du tout impossible, monsieur Masson.

En revanche, chers collègues, considérez bien que la complexité d’approvisionnement va certainement amener les opérateurs et ceux qui les contrôlent à considérer qu’une fois les choses faites, il est préférable de ne pas prendre de risques supplémentaires. Et ce d’autant plus que se pose le problème du financement – certes non pas demain matin ni dans vingt ou trente ans, mais peut-être dans un siècle.

C'est la raison pour laquelle je pense que tous les rendez-vous de contrôle, tous les rendez-vous législatifs, sont pertinents. Ils permettront d’assurer le suivi de la réversibilité en direct et en fonction des découvertes que la création et l’exploitation du centre entraîneront.

Voilà pourquoi, cher monsieur Masson, si nous votons vos amendements, nous ne pourrons pas progresser intellectuellement. Et comme nous avons besoin de progresser intellectuellement, il faut voter le texte issu des travaux de la commission.

Cher collègue Abate, si je reconnais que, dix ans, c’est long, je pense que, trois ans, c’est trop court. Réfléchissez bien au fait que les investissements sont très lourds et qu’un industriel – sous-traitant, équipementier, systémier… – doit disposer d’une visibilité qui ne peut être remise en cause tous les trois ans. Cinq ans, je l’accepte ; j’aurais préféré en rester à dix ans, mais l’unanimité a un prix.

Je pense que l’amendement n° 1 rectifié n’est pas nécessaire, madame Tocqueville, si vous faites confiance au Gouvernement et au législateur ; nous, nous avons considéré que l’on pouvait faire confiance aux parlementaires, à travers l’OPECST. Mais votre amendement ne me pose franchement aucun problème, et si c’est le prix de l’unanimité, je suis prêt à le payer de bon cœur.

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