Je rejoins les propos de Gérard Longuet, dont je pourrai reprendre mot à mot l’intervention : il ne faut jamais refuser d’évaluer et de comparer.
On s’apprête à voter quelque chose d’extrêmement lourd en termes d’engagement financier, notamment pour les générations futures. On ne dispose pas véritablement aujourd'hui d’un travail de comparaison des différents systèmes de traitement des déchets nucléaires à l’œuvre dans le monde. Il concerne tous ceux qui, engagés dans cette filière, s’en dégagent, plus ou moins progressivement. C’est le sens de l’histoire.
Selon moi, un travail beaucoup plus approfondi aurait été nécessaire en matière de choix économiques. Il faut absolument intégrer au débat la réalité de l’endettement de la filière électrique française, qui est aujourd'hui en grande difficulté. Le débat aurait pris du temps, mais nous ne sommes pas pressés ! Les déchets, qui sont aujourd'hui stockés, ne vont pas disparaître…
On ne peut donc que s’interroger sur une telle précipitation. En écoutant M. Jean-Claude Lenoir, on voit bien que les préoccupations politiciennes ne sont pas complètement absentes du débat. L’est de la France est confronté à une véritable question économique. Pour la traiter, il ne suffit pas de creuser ce trou à Bure.
Je comparerai la situation à la ligne Maginot : alors qu’elle craque, on continue d’ajouter des casemates, tout en sachant qu’elle sera emportée par le vent de l’histoire.
Ce débat est donc à mes yeux extrêmement inquiétant : on assiste à un déni absolu de réalité, à un déni économique, à un déni concernant l’avancée des technologies. Je suis très inquiet, même si l’unanimité annoncée sera mitée par de nombreuses abstentions. On va vers de très grandes désillusions, car on connaît le risque. De nombreuses personnes, y compris au sein même de la filière, tirent la sonnette d’alarme.
La responsabilité du Parlement, quelles que soient les sensibilités des uns et des autres, est de se mettre autour d’une table, pour trouver des solutions économiques, pour éviter un désastre susceptible d’entraîner la totalité du service public français de l’électricité. C’est cela qui est aujourd'hui sur la table ! Mais on préfère se réfugier dans une sorte de fuite en avant.
Bien évidemment, nous voterons contre. Ce débat, qui témoigne d’un déni de réalité, est extrêmement inquiétant.