Intervention de André Gattolin

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 1er juin 2016 à 9h32
Conséquences budgétaires des attentats du 13 novembre 2015 sur le secteur du spectacle vivant — Communication

Photo de André GattolinAndré Gattolin, rapporteur spécial :

Le fonds n'intervient pas pour les acteurs publics, labellisés ou conventionnés par l'État. Ceux-ci n'ont évidemment pas eu d'autre choix que de s'adapter aux circonstances tragiques qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015. Les conséquences financières pour l'État résultant, à la fois, de la chute de la fréquentation et de la sécurisation des salles vont donc dépasser le montant des sommes comprises dans le fonds, car celui-ci ne vise que les établissements privés.

Paradoxalement, les surcoûts supportés par les théâtres publics sont aujourd'hui suivis de façon beaucoup moins précise que les aides du fonds d'urgence. Nous avons contacté plusieurs théâtres ainsi que l'administration du ministère de la culture. Ces échanges ne nous permettent pas de vous présenter un panorama absolument exhaustif de la situation, mais ils permettent de porter un premier regard sur ce sujet.

Sur la question d'une éventuelle baisse de la fréquentation, nos échanges avec la direction de plusieurs théâtres laissent penser que la situation est extrêmement hétérogène d'un établissement à un autre : certains n'ont senti quasiment aucun effet des attentats sur les ventes de billetterie, quand d'autres ont subi des pertes de recette significatives. La résilience des établissements dépend bien sûr de leur implantation : ceux du nord de Paris ont rencontré plus de difficultés pour faire revenir les spectateurs. Elle dépend aussi de leur public : les publics familiaux se sont apparemment montrés plus craintifs que d'autres catégories de visiteurs. Les concerts ont été particulièrement touchés, tandis que les activités muséales et théâtrales semblent mieux se maintenir.

Le surcoût des dispositifs de sécurité est plus clair. Pour les cinq théâtres nationaux que sont le théâtre de Strasbourg, l'Odéon, la Comédie-Française, Chaillot et la Colline, la charge budgétaire est estimée à 1,2 million d'euros. Au total, la Direction générale de la création artistique a fait une demande de 3,2 millions de crédits supplémentaires, en 2017, pour ses opérateurs intervenant dans le domaine de la création, au titre des mesures de sécurisation.

Mais les opérateurs de la création ne sont pas les seuls à supporter ces charges nouvelles : tous les établissements culturels accueillant du public ont dû renforcer les mesures de sécurité. Dans le cadre de ma mission de contrôle sur la Villa Médicis, à Rome, j'ai pu constater que le durcissement des mesures de sécurité préoccupait également cette institution, qui a vu ses coûts de sécurité doubler. Certes, les carabiniers italiens participent à l'effort de sécurisation, mais il faut aussi accroître le nombre de vigiles.

Nous espérons avoir pu vous éclairer sur les enjeux budgétaires auxquels fait face aujourd'hui le secteur du spectacle vivant à la suite des attentats. C'est un sujet auquel nous serons tout particulièrement attentifs lors de l'examen des textes budgétaires de l'automne prochain.

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