Intervention de Yves Rome

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 7 avril 2016 : 1ère réunion
Audition sur le thème du numérique de philippe lemoine président du forum d'action modernités

Photo de Yves RomeYves Rome :

Monsieur Lemoine, je vous remercie pour votre analyse et le message que portez sur un sujet qui, de mon point de vue, est insuffisamment partagé par l'ensemble des institutions et décideurs, y compris ceux qui élaborent la loi. On constate en effet une sorte d'opposition entre eux et les individus. Les seconds vont beaucoup plus vite quand les premiers se retrouvent à la remorque. Ces bouleversements de la société, il ne faut pas en avoir peur. On ne s'en empare pas assez, et c'est un tort car d'autres le font : ce sont les fameux GAFA, avec les risques majeurs qu'ils représentent si les États-nations et, surtout, les institutions européennes n'interviennent pas.

En la matière, l'Europe agit peu, voire n'agit pas du tout. Or, la bonne maille d'action, c'est a minima l'Europe, pour contrarier non plus internet mais ce que l'on appelle aujourd'hui le numérique, concentré dans quatre ou cinq grandes entreprises dont la puissance financière, vous l'avez rappelé, dépasse très largement celle des nations. Nous avons donc intérêt à ce que l'Europe agisse beaucoup plus rapidement. C'est ce sur quoi devraient porter massivement nos efforts.

Puisque vous avez fait souffler un vent d'optimisme sur la société française en soulignant notamment la capacité des individus à co-agir, je souhaite que vous nous donniez votre avis sur l'Estonie, pays auquel s'est particulièrement intéressé le groupe sénatorial d'études Communications électroniques et Poste, dont j'assure la présidence avec Bruno Sido. L'Estonie est certainement l'État le plus numérisé au monde, et ce dans tous les domaines, avec des gains de productivité et de qualité de vie tout à fait significatifs.

Force est malheureusement de constater qu'en France, la République numérique, pour reprendre le titre du projet de loi actuellement en discussion au Parlement, reste à construire, en tout cas au niveau de ses administrations. Notre société est notoirement peu numérisée et nous devrions commencer par engager une évaluation de la réalité de la numérisation de nos services publics, au niveau tant de l'État que des collectivités territoriales, pour ensuite accélérer le mouvement. L'exemple de l'Allemagne que vous avez cité est particulièrement parlant.

Je terminerai en évoquant ce que je crois être une faille pour l'économie française, à savoir l'insuffisante numérisation des TPE et des PME, comparativement à l'Allemagne et au Royaume-Uni. J'aimerais connaître votre opinion sur les actions à promouvoir en ce domaine.

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