Le numérique n'est-il pas, d'une certaine façon, une autre formulation du réel ou en change-t-il l'essence même ? Avant l'imprimerie, il y avait les manuscrits. On n'a pas dit de choses tellement différentes après. Dans Notre-Dame-de-Paris, Victor Hugo a écrit : « Ceci tuera cela. » Ceci n'a pas tué cela. Le fait de parler tellement et tout le temps du numérique ne lui donne-t-il pas parfois trop d'importance ?
J'ai une question subsidiaire, un tantinet provocatrice. Si exposition numérique universelle il devait y avoir, chacun pourrait y participer de manière virtuelle, en restant chez soi. Mais, alors, où pourrais-je trouver un cornet de frites ? Voilà un vrai sujet ! C'est magnifique de pouvoir engager une conversation par l'entremise d'internet à des tas d'inconnus. Ça l'est beaucoup moins quand on passe six heures par jour devant son écran et que l'on ignore sa voisine d'à côté qui va très mal et à qui l'on n'adresse jamais la parole.
Pourquoi ne pas imaginer un Parlement numérique ? Plus de papier, tous les amendements défileront sur l'écran, comme en Estonie. Soit. Mais, à un moment, quelqu'un dira que ce n'est même pas la peine de venir. Dès lors, aucun débat ne sera plus possible faute d'un vrai rapport au réel.