Pour des raisons qui ne tiennent absolument pas au monde de la recherche. À l'époque, la France sortait du plan d'équipement téléphonique et le monde des télécoms était rétif à toute idée de vendre du débit et de la bande passante sur lesquels repose la technologie d'internet. Il a donc promu un autre standard, celui sur la base duquel fut développé le minitel. Je regrette les arbitrages qui ont été faits à l'époque, opposant monde de la connaissance et monde industriel.
La France, je le répète, ne souffre pas d'un retard de connaissance. La recherche mathématique et informatique française est d'un très bon niveau et devrait être valorisée. La French Tech est une initiative à saluer car, localement, elle a su fédérer les différentes start-up pour assurer leur promotion à l'international. Mondialement, la France est perçue comme l'un des pays qui a une vraie carte à jouer dans les technologies de l'information, ce qui n'était pas le cas voilà sept ou huit ans. Un changement important s'est produit, et c'est tant mieux.
Mon souhait est de voir l'ensemble des branches d'activités évoluer. Le secteur bancaire bouge extrêmement peu. Il a un côté « sapin de Noël », il se plaît à reprendre le vocabulaire à la mode, à parler de big data, mais, concrètement, il ne prévoit aucun remise en cause des procédures et n'engage aucun processus de refonte des différents métiers. C'est une erreur fondamentale.
La seule idée intelligente à avoir été mise en oeuvre s'appelle le Compte-Nickel, qui repose sur une approche marketing et professionnelle totalement nouvelle et va bien au-delà de la seule innovation technologique. Promu, au départ, pour les gens frappés d'interdit bancaire, lesquels peuvent se voir délivrer extrêmement rapidement une carte de paiement, il s'attaque maintenant au marché de la création d'entreprise. Le plus long, pour créer une entreprise, ce ne sont plus les démarches administratives, c'est désormais d'obtenir l'ouverture d'un compte bancaire. Nickel est un bon exemple de start-up qui « disrupte » l'univers bancaire.
La France a l'obligation absolue, au risque de subir des pertes de valeurs considérables, d'accélérer tous ces processus. Il ne s'agit pas de foncer aveuglément dans le mur, il faut prendre aussi le temps de la réflexion. Mais sachons faire la distinction, je la crois importante, entre la nécessité d'adopter la grammaire du numérique, qui est la grammaire du succès, et l'importance de laisser, s'agissant du texte de l'avenir numérique à écrire, toute sa place à la France. Avec le numérique, les concepts qui ont fait la grandeur de notre pays - Liberté, Égalité, Fraternité - peuvent s'en trouver renouvelés, enrichis et apparaître encore plus intelligents et novateurs.