L'adversaire, c'est le cancer ; ce ne sont pas les structures publiques qui luttent contre ces maladies. À la FHF, notre position est que les centres de lutte contre le cancer doivent entrer comme membres associés dans les GHT. Nous devons associer nos compétences et nos forces pour soigner les malades. Cela suppose des coopérations et une forme de subsidiarité où chacun fait ce qu'il sait faire le mieux.
Comme vous le savez, les nouveaux modes de financement de la cancérologie mettent en difficulté le budget des centres de lutte contre le cancer. C'est le fait non pas des hôpitaux mais du développement de la chimiothérapie ambulatoire et de la réduction du nombre de séances de radiothérapie. Cette évolution a conduit ces centres à réfléchir à des regroupements entre eux. Ces regroupements peuvent, dans un certain nombre de situations, rendre un peu plus fragiles des accords passés antérieurement avec les établissements avec qui ces centres travaillaient en proximité. Ce problème ne peut se résoudre qu'au cas par cas : il faut que chacun des acteurs s'interroge sur ce qu'il peut et veut échanger.
Il faut répéter que, au-delà des structures, il y a des malades. Or le malade veut être soigné très bien, où qu'il soit et, si possible, au plus près de son domicile. Le pôle cancer de la FHF, entre autres acteurs, travaille justement sur la labellisation des parcours. L'objectif est non pas d'exclure tel ou tel établissement, mais de garantir la sécurité et la qualité des soins. Je défendrai une telle approche si je suis nommé à la tête de l'INCa.
Des problèmes budgétaires existent ; cela engendre des tensions. Il est désespérant, en 2016, d'entendre quelqu'un vous annoncer qu'un de ses proches a un cancer et vous demander : « À qui puis-je le confier ? » Cela signifie que la confiance dans le système n'est pas complète, en dépit du travail que nous effectuons, et qu'on imagine, parfois à raison, qu'il subsiste des inégalités d'adressage. Il faut absolument lutter contre ce phénomène. La coopération entre établissements, essentielle à cette fin, est somme toute assez simple. Il faut réserver aux établissements de recours les tâches qu'eux seuls peuvent accomplir et utiliser au mieux les moyens et les compétences des établissements locaux. Cette approche fondée sur la subsidiarité devrait aider à résoudre les inégalités d'incidence mais aussi celles d'adressage.