Intervention de André Vallini

Réunion du 9 juin 2016 à 15h00
Accord économique et commercial entre l'union européenne et le canada — Débat organisé à la demande du groupe crc

André Vallini, secrétaire d'État :

J’ai noté vos interpellations claires et fortes sur ce sujet. Le Gouvernement est en plein accord avec vous. La prochaine étape aura lieu en juillet, lorsque la Commission européenne fera sa proposition : nous connaîtrons alors sa position officielle. Soyez assurés que l’engagement du Gouvernement ne souffre d’aucune ambiguïté et que nous restons, comme vous, particulièrement vigilants sur ce sujet.

L’application provisoire ne concernera que les seules compétences communautaires.

Je tiens à clarifier un point important concernant l’application provisoire du CETA, qui résulte du droit communautaire. Prévue par les traités européens, elle ne peut concerner, j’y insiste, que les seules dispositions relevant de la compétence communautaire. Elle est de surcroît soumise à l’approbation du Parlement européen, qui devrait se prononcer à l’automne. La Commission européenne s’y est engagée, car il s’agit d’un contrôle démocratique indispensable.

Ensuite, les Parlements nationaux seront saisis au titre des compétences nationales et se prononceront sur l’ensemble de l’accord. Formellement, l’Assemblée nationale et la Haute Assemblée seront saisies d’un projet de loi de ratification portant sur l’intégralité du CETA dans le courant de 2017, et l’ensemble du texte de l’accord sera annexé à ce projet de loi.

Il est nécessaire et légitime que l’entrée en vigueur des dispositions relevant des compétences nationales soit conditionnée à la ratification par les Parlements nationaux.

Pour répondre directement à vos questions, notamment à celle de M. Daniel Raoul, la France estime par exemple que c’est le cas des stipulations relatives aux investissements, y compris celles concernant le nouveau système de cour de justice publique pour le règlement des différends entre investisseurs et États, les transports ou la propriété intellectuelle.

C’est pour cette raison que le Gouvernement a renforcé le contrôle démocratique en amont de la signature de ces accords commerciaux.

Ainsi, les règles de transparence ont été approfondies. Vous avez été nombreux à dénoncer l’opacité dans laquelle se déroulent les négociations commerciales, ce qui ne correspond ni à notre conception de la démocratie ni à notre temps. La transparence absolue peut être dangereuse à certains égards, mais, dans ce domaine, qui concerne le pouvoir politique au sens le plus noble du terme, il faut évidemment faire évoluer les conditions dans lesquelles se déroulent les négociations.

Les mandats de négociation du TTIP et du TiSA donnés par le Conseil à la Commission européenne ont été rendus publics. C’est une première étape salutaire, que la France avait appelée de ses vœux.

Depuis le début de l’année, une salle de lecture des documents relatifs au traité transatlantique avec les États-Unis est ouverte au secrétariat général des affaires européennes. Tous les parlementaires français ont accès aux comptes rendus de négociation exhaustifs. Ils sont malheureusement en anglais, ce qui heurte le secrétaire d’État en charge de la francophonie que je suis.

Vous avez également accès aux documents consolidés. Certes, la prise de notes n’est pas possible. Matthias Fekl m’a expliqué que cela tenait à des considérations relatives à la propriété industrielle et à la protection d’intérêts économiques et commerciaux qu’il serait délicat de dévoiler sur la place publique. Néanmoins, ces règles de consultation des documents pourraient être assouplies pour les parlementaires. J’ai eu le même débat à l’Assemblée nationale voilà quelques semaines, et les députés sont également assez mécontents de cet état de fait. Nous travaillons pour régler ce problème.

En tout cas, le dialogue est constant avec l’ensemble des élus et de la société civile, au sein du conseil de suivi stratégique de la politique commerciale, le CSS, et lors des nombreux débats publics auxquels participe Matthias Fekl.

Le Gouvernement a mis en place le CSS en 2013. Initialement composé d’élus et de représentants de fédérations professionnelles, il a été ouvert, sur l’initiative de Matthias Fekl, à des représentants de la société civile, des syndicats et des ONG.

L’Union européenne s’engage à son tour dans cette voie, ce dont nous devons nous féliciter. L’action de la commissaire européenne Cécilia Malmström marque, de ce point de vue, une rupture avec celle de son prédécesseur.

Mesdames, messieurs les sénateurs, le CETA est un accord à la hauteur des liens étroits existant entre l’Union européenne et le Canada. Je souhaite souligner les liens tout particuliers qui unissent la France à ce pays, où l’on a un attachement presque charnel, moins abstrait que chez nous, à la francophonie. L’amour pour la langue française y est très fort, comme en Afrique.

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