Intervention de Bruno Foucher

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 15 juin 2016 à 10h30
Audition de M. Bruno Foucher président de l'institut français

Bruno Foucher, président de l'Institut français :

Nos homologues sont dans une situation différente. Un article récent montrait bien comment le Goethe Institut, dont les moyens sont en hausse de 11 %, se fixait des priorités en Afrique et appelait la France à travailler de concert avec lui pour contrer l'expansion chinoise. Quant au British Council, il agit sur un périmètre plus large que le nôtre, mais ses moyens sont en constante augmentation - alors même que la situation de l'anglais n'est pas comparable à celle du français. L'Institut Cervantès, dont j'ai rencontré la direction à Madrid récemment, reçoit une subvention de 70 millions d'euros pour 73 implantations : je n'y ai pas senti de détresse budgétaire.

Mme Mogherini a publié récemment un document stratégique relatif à la politique culturelle européenne, sur lequel j'ai alerté le cabinet du ministre car il me semble comporter des idées très avancées quoique juridiquement fragiles : création de maisons européennes, nomination de conseillers culturels européens dans les grandes représentions européennes... Pourtant, la coordination entre les instituts européens fonctionne bien. Je crois que l'idée est de contrebalancer le rôle politique délicat que la Commission doit jouer dans certains pays.

La rédaction du COM a pris du retard. C'est regrettable, d'autant que je n'ai toujours pas, non plus, de lettre de mission. Il sera soumis au Parlement à l'automne, après des discussions avec la direction du Budget qui s'annoncent difficiles.

Oui, le numérique est le moyen de toucher un très grand public, et nous développons nos plateformes, parmi lesquelles Culturethèque, IFprofs ou IFcinémas.

Le budget d'un évènement comme la « Nuit des idées » est faible : il suffit de trouver un site et des intervenants. De telles initiatives sont indispensables pour construire du dialogue et dissiper les tensions que l'actualité met en lumière.

Les années croisées sont décidées au plus haut niveau : nous ne faisons que prendre acte du choix et le mettre en oeuvre. Le Qatar avait ainsi été proposé par le président Sarkozy.

Nous avons des conventions de coopération décentralisée avec 27 collectivités territoriales, principalement des grandes villes, des communautés urbaines ou des régions. Nous apportons 50 % du financement à une programmation décidée par une commission mixte, sur la base d'axes stratégiques.

Nous avons eu un prix à Marseille, comme à Babel Med. Nous sommes aussi présents à Bamako pour la photographie ou au Festival triennal de la danse, nous y promouvons des artistes étrangers. Nous organisons régulièrement des « focus » en invitant sur un lieu prescripteur des professionnels, pour qu'ils y rencontrent des artistes.

Notre budget est de 40 millions d'euros, tout compris. La subvention de l'État s'élève à 27 millions d'euros, après une baisse de 7,5 millions d'euros en cinq ans. Notre loyer, jusqu'à fin 2017, est d'environ 3 millions d'euros : nous sommes installés à 130 dans un lieu prévu pour 196 personnes. Nous cherchons une solution avec d'aide d'une agence. Nos crédits d'intervention s'élèvent à 24 millions d'euros, et nos crédits de personnel, à 11 millions d'euros - sachant que le travail de nos collaborateurs est en large partie constitutif de nos interventions.

L'audiovisuel n'est pas dans notre périmètre. Quant à notre branche cinéma, elle nous coûte peu et génère de bonnes retombées dans les médias. Il serait dommage d'avoir à la sacrifier, car elle suscite un dialogue avec des pays très variés. Déjà, 128 réalisateurs de 76 pays sont passés par notre « Fabrique des cinémas du monde », et certains ont déjà acquis de la notoriété. France Médias Monde est partenaire de tous nos évènements. La laïcité est une de nos préoccupations. La liberté d'expression est, par exemple, l'une des conditions pour organiser une année croisée. Je ne dispose pas de chiffres sur l'équilibre entre hommes et femmes, mais je sais déjà que ce sera l'un des indicateurs du COM à venir.

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