J'ai envie de répondre à mon collègue Pozzo di Borgo qu'Israël préfère bien entendu que le statu quo dure...
Monsieur l'ambassadeur, je souhaite croire en votre aptitude à mener à son terme cette mission difficile. C'est un affront à la morale politique que de laisser perdurer cette situation, et je salue la mission de la France, même si elle paraît impossible. Rien n'est jamais impossible !
Vous avez évoqué les paramètres : il faut les réaffirmer. Certains changent : la colonisation fait qu'il ne reste rien du deuxième État voulu - ou presque.
La question de l'État juif constitue un élément nouveau, qui est assez dérangeant. Il y a trois ou quatre ans, on n'en parlait pas.
Quant à la désespérance des Palestiniens, je rencontre souvent ce qui reste des élus du Conseil législatif palestinien, dont leur président. Non seulement ils ne croient pas à la mission de la France, mais ils n'en parlent pas, et cela me dérange beaucoup. Nous sommes obligés de les corriger en soulignant qu'un effort est fait : s'ils n'y croient pas, qui va y croire ?
Cependant, vous avez eu raison de rappeler l'accord de Beyrouth de 2002 et l'initiative de l'Arabie saoudite. Vous avez également eu raison de rappeler le fait que les présidents Reagan et Bush ont reconnu l'OLP, qui a elle-même reconnu l'État d'Israël. Aujourd'hui, Mahmoud Abbas tire sa seule légitimité du fait d'être président de l'OLP.
Je crois réellement à votre mission. Si elle devait échouer, même si je n'ai pas envie de m'inscrire dans cette perspective, il faut que la France mène à son terme la reconnaissance de l'État palestinien à côté de l'État d'Israël, et ce pour un seul principe : celui du droit.
Il y a par ailleurs le problème de Daech, que mon collègue a évoqué. Je ne sais si votre mission prévoit de faire des observations à l'État français, notamment de reconnaître l'État de Palestine...
Enfin, si c'est un succès, il y aura des élections en Palestine. En l'état actuel des choses, la victoire du Hamas est possible. Je voudrais rappeler la responsabilité de la communauté internationale dans les élections de 2006. Il faut savoir que nous sommes responsables de Gaza !
J'étais observateur lors des élections de 2006. Trois jours avant, personne ne pensait que le Hamas allait gagner. Nous avons accepté qu'il y ait des candidats représentants le Hamas. Tout s'est déroulé absolument régulièrement. À Jéricho, j'ai participé au dépouillement avec Jimmy Carter. La victoire du Hamas a frappé tous les esprits, mais la communauté internationale n'a pas reconnu le résultat des élections, et nous avons immédiatement provoqué la division des Palestiniens, ainsi que la scission du Fatah du Hamas. Nous sommes responsables de Gaza !
En conclusion, j'insiste sur la responsabilité de la communauté internationale dans la situation actuelle. On parle d'élections en Palestine : le Hamas ne va-t-il pas gagner à nouveau ? Va-t-on recommencer ? Ce sont là mes interrogations.