Intervention de Michel Billout

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 4 mai 2016 à 9h04
Préparation d'une conférence internationale sur le processus de paix au proche-orient — Audition de M. Pierre Vimont envoyé spécial du ministre des affaires étrangères et du développement international

Photo de Michel BilloutMichel Billout :

Monsieur l'ambassadeur, le groupe communiste républicain et citoyen du Sénat se range dans le camp de ceux qui saluent cette initiative, aussi difficile puisse-t-elle apparaître, et même si nous ne pouvons que regretter qu'elle arrive fort tardivement mais, dans ce dossier, on peut considérer qu'au fil des ans, le moment n'a jamais été le bon.

Il existe un immobilisme terrible sur ce sujet, notamment de la part du Quartet et, alors que la colonisation ne cesse de se développer, du côté du peuple palestinien, la désespérance se creuse de jour en jour. Il faut bien mesurer les dangers qui existent aujourd'hui à ne plus accorder le moindre espoir aux Palestiniens. On peut constater que la politique israélienne, aujourd'hui, n'a jamais mis autant en danger la sécurité d'Israël. Le fait que l'Autorité palestinienne soit discréditée, que même le Hamas n'apparaisse plus tout à fait comme une solution laisse beaucoup de place à d'autres mouvements de ce secteur, dont j'ose espérer que l'influence ne se développera pas.

Je pense donc que des initiatives sont nécessaires, et qu'elles doivent être bien positionnées. Je trouve que c'est le cas de celle-ci, sur la base du plan de paix de 2002. Même si celui-ci n'a jamais connu beaucoup de développements, c'est la position du multilatéralisme.

Notre groupe ne cesse de réclamer depuis des années pour que la communauté internationale s'empare du sujet, et que l'on cesse de renvoyer dos à dos Palestiniens et Israéliens, qui font preuve d'une incapacité évidente à régler seuls ce problème, avec au mieux les États-Unis comme seul arbitre. On ne va donc pas faire la fine bouche par rapport à cette initiative, même si on peut en effet penser qu'elle est extrêmement difficile, voire qu'il est impossible qu'elle aboutisse. L'avenir nous le dira. Je ne pense pas qu'elle puisse en tout cas contribuer à aggraver la situation. Ceci peut donc, au mieux, contribuer à ouvrir de nouveaux espaces.

On en est arrivé à un stade où, si la colonisation se poursuit à ce rythme, la solution à deux États n'existera plus. Ce n'est pas une affaire de décennies, mais de mois. Il est donc urgent de saisir de ce problème.

Il est d'ailleurs assez étonnant que la condamnation de la colonisation en Cisjordanie par l'Autorité palestinienne, puisse être considérée comme une initiative malheureuse, et apparaisse comme un obstacle aux négociations... Le respect du droit international et des résolutions onusiennes serait considéré comme une maladresse de l'Autorité palestinienne ! On ne cite même plus, parmi les obstacles, l'attitude du Gouvernement israélien, qui est pourtant, selon moi, un des handicaps les plus importants à surmonter.

Vous avez relevé, monsieur l'ambassadeur, que l'on essayait d'utiliser les accords entre le Gouvernement israélien et l'Union européenne comme une carotte. Ils sont déjà à un tel point de développement que je ne vois pas ce que l'on peut y ajouter. S'il n'existe même plus la menace d'une reconnaissance par la France de l'État palestinien, que nous reste-t-il pour convaincre les Israéliens qu'il faut qu'ils bougent ?

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