Je vous remercie de me donner l'occasion de faire le point sur les activités de Radio France. Il y a un peu plus d'un an, nous sortions d'une grève historique par sa longueur et qui exprimait un certain nombre d'inquiétudes. Cette année 2015 a été la première année d'exécution du COM, même si nous ne l'avons signé qu'en avril 2016, en raison de la longueur des discussions avec nos ministères de tutelle et de la longueur de la grève. Je me félicite d'ailleurs de cette feuille de route qui marque l'engagement entre l'entreprise et son actionnaire pour les années 2015-2019. Avec Sybille Veil, en charge des finances, nous aurons l'occasion de revenir sur un certain nombre de sujets, dont l'amélioration de notre trajectoire financière dès cette première année d'exécution. J'avais également bien noté que le Sénat avait rendu un avis guère enthousiaste sur le COM, mais j'espère que l'audition de ce matin permettra de lever ses précédentes inquiétudes.
Cette année 2015 a été pour Radio France l'occasion de revoir profondément son offre de programmes, à l'issue d'un mouvement débuté en septembre 2014 et poursuivi depuis lors. Je ne doute pas que les fidèles auditeurs qui se trouvent dans la salle ne manqueront pas de nous interroger sur les modifications qui doivent être effectuées à la rentrée. L'ensemble du repositionnement des différentes antennes vise à rendre le groupe plus exhaustif dans sa couverture des différents sujets, qu'il s'agisse de l'information, de la culture à travers nos productions, comme les fictions radiophoniques qui n'existent que dans le service public de la radio ou le documentaire radiophonique, ou encore du divertissement et de l'humour qui appartiennent à l'ADN de la radio du service public. Nous avons souhaité, avec Frédéric Schlesinger, repositionner l'ensemble de notre offre, afin qu'elle soit la plus complète possible et que le plus grand nombre possible de Français puisse s'y retrouver et être fidèle à Radio France.
La deuxième activité significative - qui relève de l'axe n° 2 du COM - concerne la production musicale et culturelle. La réouverture de la maison, avec celle de l'auditorium en 2014, a amorcé un véritable changement dans les pratiques. En effet, Radio France produisait, par le passé, les concerts de l'Orchestre national au Théâtre des Champs-Élysées et ceux de l'Orchestre philarmonique à la Salle Pleyel. Depuis plus d'une saison, nous jouons à domicile, ce qui a entraîné une réelle évolution des métiers et l'acquisition de nouvelles compétences. M. Michel Orier, auparavant directeur général de la création artistique au ministère de la culture et de la communication, va prendre la tête de la direction de la musique et de la création musicale. Dans cette direction également, l'équipe artistique va être renforcée avec la désignation de délégués généraux pour chaque orchestre, Éric Denut et Jean-Marc Vador. Enfin, Emmanuel Krivine va être désigné comme nouveau chef pour l'Orchestre national de France à compter du 1er septembre 2016 avant qu'il n'en devienne, le 1er septembre 2017, le directeur musical à part entière. C'est d'ailleurs la première fois, depuis plus de quarante ans, qu'un grand chef français dirigera l'un de nos grands orchestres nationaux à Paris.
L'activité de production de concerts est très importante et nous a permis, au cours de la dernière saison, de dépasser les deux cents concerts par an, alors que nous n'en produisions que cent-trente précédemment. Cette grande ambition ne peut être portée que si l'entreprise s'en donne les moyens et l'organisation idoine. C'est la raison pour laquelle, conformément au troisième objectif de notre COM, Radio France doit poursuivre la modernisation de son fonctionnement. Comme vous l'avez souligné, la grève de l'année dernière a été difficile et le travail accompli par le médiateur Dominique-Jean Chertier a été essentiel pour nous permettre de renouer le dialogue. Nous sommes aujourd'hui engagés dans une stratégie financière qui nous amènera à réduire notre masse salariale d'ici 2019. Je rappellerai que celle-ci s'élevait à un peu moins de 400 millions d'euros en 2014 et que notre objectif est de l'abaisser à 395 millions d'euros en 1999, en faisant plus qu'absorber son évolution naturelle estimée à 4 millions d'euros par an. Pour atteindre un tel objectif, nous avons remplacé le plan de départs volontaires - qui a beaucoup joué dans les crispations du printemps dernier du fait de sa mauvaise perception par les salariés - par le non-remplacement partiel des départs naturels, soit un non-remplacement sur deux en 2016 et 2017, et un sur trois en 2018. Il nous faut opérer certains choix en termes d'organisation, suite à cette baisse d'effectifs correspondant à 270 équivalents temps-plein, se répartissant entre 230 contrats à durée indéterminée (CDI) et 40 contrats à durée déterminée (CDD).
Outre ce travail sur la masse salariale, l'ensemble des postes de dépense de Radio France seront mis à contribution, comme les frais de diffusion qui fournissent le second poste de dépenses. Ceux-ci seront donc réduits de 13 millions d'euros, avec l'arrêt de la diffusion en ondes moyennes, puis en ondes longues d'ici à la fin de l'année. Notre effort de réduction porte également sur la politique d'achats qui avait déjà été porté avant mon arrivée, mais qui va continuer tout au long du COM.
Lors de la première année de son exécution, en 2015, nous avions voté un budget en déficit de vingt millions d'euros. Finalement, celui-ci s'est avéré moins important que prévu à 13,9 millions d'euros, en raison d'économies et d'écritures comptables comprenant des reprises de provisions. Le rythme plus étalé du chantier de réhabilitation explique également ce résultat sur lequel Sybille Veil reviendra ultérieurement.
La période reste difficile, comme l'attestent les deux journées de grève de la semaine dernière, l'une pour l'ensemble du réseau Radio France et l'autre pour le réseau France Bleu.
Cette phase d'effort est historique pour Radio France, puisque l'entreprise n'avait jamais connu de budget reconduit à l'identique comme nous allons en faire l'expérience pendant cinq ans. Nous sommes obligés de faire des efforts sur l'ensemble de notre gestion. Comme je l'ai précédemment dit, Radio France réalisant l'intégralité de sa production en interne, la masse salariale représente le premier poste de dépenses. Les économies à réaliser sur celui-ci suscitent des questions et, au-delà, des inquiétudes. Je souhaitais souligner ce matin qu'un certain nombre d'organisations vont devoir évoluer. Nous nous préparons à le faire avec notre équipe en conduisant un véritable effort de pédagogie. Depuis un an, les efforts de transparence, dans les organigrammes ou les informations financières transmises lors des conseils d'administration et des comités centraux d'entreprises, ont modifié la perception de notre gestion précédemment considérée comme opaque. On ne disait pas tout non par choix, mais parce que la préoccupation financière était tenue pour secondaire ; Radio France, compte tenu de l'augmentation annuelle de son budget, n'avait pas de culture économique. Ce temps est terminé et notre entreprise doit aujourd'hui participer à l'effort de redressement des finances publiques. Pour le dirigeant que je suis et l'équipe qui m'accompagne, nous aurions certainement préféré bénéficier de la situation que certains de nos prédécesseurs ont connue. Je suis très confiant dans la capacité d'évolution de Radio France et son aptitude, malgré les contraintes qui sont les siennes, à conquérir de nouveaux territoires d'expression, comme le numérique dont la distribution monte en puissance. En effet, en mai dernier, le nombre de podcasts diffusés par Radio France a dépassé les trente-trois millions, ce qui fait de nous le premier groupe radiophonique sur ce créneau. Une telle évolution est constante depuis des mois et c'est l'ensemble des radios du groupe qui contribue à ce succès.
Vous avez évoqué le cas de Mouv'. À cet égard, nous attendons le 13 juillet prochain pour obtenir la confirmation par Médiamétrie de l'évolution positive de son audience. Mais nous constatons que le numérique a permis à Mouv' de trouver un positionnement auprès des jeunes publics. La chaîne d'intervention en continu, avec France Télévisions, France Médias Monde et l'Institut national de l'audiovisuel (INA) est aussi pour nous l'occasion de montrer que nous savons nous adapter à un univers technologiquement très changeant et extrêmement concurrentiel, en mutualisant nos forces et nos moyens avec les autres acteurs de l'audiovisuel public, pour proposer à l'ensemble de nos concitoyens de nouvelles offres. C'est le sens de notre travail que de mettre le public au coeur de nos préoccupations.