S'agissant du positionnement de Radio France vis-à-vis de la jeunesse, il nous faut évoquer Mouv' dont le format est désormais à 75 % musical autour des cultures urbaines du hip hop, du Rap et du RnB, pour mieux cibler les 13-24 ans. Aujourd'hui, nous avons pu constater un premier frémissement de l'audience de Mouv' sur les réseaux numériques notamment. En mars 2015, YouTube comptait près d'un million de vidéos de Mouv' postées et quinze millions un an plus tard. Un tel chiffre résulte d'une stratégie d'occupation des plateformes musicales et des réseaux sociaux qui a permis à la marque Mouv' à l'identité redéfinie d'émerger. Nous espérons que Médiamétrie viendra confirmer ce frémissement constaté en avril dernier. Sur sa cible des 13-24 ans, Mouv' a atteint un point d'audience.
Comment les autres radios peuvent-elles permettre à la jeunesse de se sentir concernée ? Plusieurs stratégies peuvent être mises en oeuvre. D'une part, le renouvellement des producteurs de Radio France est essentiel. Certes, à la fin de chaque saison, nous recevons des critiques en raison de la diminution de la diffusion de certaines voix historiques de Radio France. Je l'assume, car on ne peut déplorer le vieillissement de l'audience du service public en gardant les mêmes producteurs depuis trente ans. Malgré le talent des uns et des autres, on doit pouvoir donner sa chance à de nouveaux talents comme c'est le cas sur France Inter. Depuis l'arrivée, il y a deux ans, de Laurence Bloch comme directrice de cette radio, de nouveaux talents, notamment des humoristes, ont eu leur chance, comme Charline Vanhoenacker et sa bande qui nous ont permis de conquérir une nouvelle audience en fin d'après-midi. Au-delà de l'offre et de sa coordination, la question demeure quant à sa distribution. Aujourd'hui, le public jeune « écoute » Charline Vanhoenacker sur YouTube ou Facebook, car nous conduisons une politique de captation et de dissémination sur les plateformes de partage de toutes ses émissions. Une telle démarche concourt à la notoriété de nos humoristes et de nos chroniqueurs tout en assurant le retour de l'humour à la radio qui bénéficie d'une nouvelle politique de distribution des contenus plus en phase avec les jeunes. Lorsque je présidais l'Institut national de l'audiovisuel, l'ouverture de ses chaînes sur YouTube nous avait permis de conquérir un public que l'INA ne touchait pas à travers son site ina.fr, que ne consultaient que les personnes qui le connaissait déjà. Toute stratégie de conquête implique d'aller chercher le public là où il se trouve, comme les réseaux sociaux et les plateformes de partage où les jeunes se rendent.
Un autre exemple me permettra d'illustrer le rôle des concerts et la place des formations musicales avec France Télévisions. Le deux juillet dernier, nous avons produit une création mondiale de hip hop symphonique à l'auditorium de la Maison de la radio où plusieurs générations d'artistes de ces mouvances musicales, allant de I AM jusqu'à Youssoupha, participaient à la réalisation d'un compositeur de hip hop M. Issam Krimi avec l'Orchestre de Radio France. Commandée par l'ADAMI, cette production sera diffusée par Mouv' en septembre prochain, et est déjà accessible sur Culturebox dès cette semaine. Elle a été captée par France 4 et sera diffusée le 25 juillet prochain. Autre exemple d'une présence concomitante de nos programmes sur Culturebox et les antennes hertziennes, le désormais traditionnel concert de Paris du 14 juillet, avec l'Orchestre national de France, est à la fois diffusé sur France Inter et sur France 2.
En matière d'éducation aux médias, nous ne faisons jamais assez et nous soutenons Interclasses, superbe initiative portée par France Inter. Ainsi, cinq collèges d'Île-de-France, pendant la saison radiophonique, ont participé à la production de contenus pour France Inter qui seront diffusés durant tout l'été. Une telle initiative était également l'occasion pour nos journalistes et producteurs d'aller à la rencontre du jeune public, de l'initier à leur métier et de lui donner leur chance de produire des émissions, tout en développant leur esprit critique. Certes, ce ne sont que cinq collèges en Île-de-France et le provincial que je suis est toujours sensible à la prise en compte de l'ensemble du territoire. Un certain nombre d'activités est porté par le Réseau France Bleu, mais demeure pour le moment méconnu. Il nous faut mener à bien un vrai travail de mise en valeur de nos initiatives.
S'agissant de l'éducation artistique et culturelle, la Maison de la radio a reçu 55 000 jeunes. En ce qui concerne l'éducation aux médias, nous avons passé une convention avec l'ensemble des rectorats d'Île-de-France pour accueillir des jeunes dans le cadre des ateliers France Info où ils réalisent de la radio, accompagnés par nos équipes. Il s'agit certes d'un chantier important pour nous, mais nous ne sommes toutefois pas en mesure de nous substituer à l'Éducation nationale. Nous avons en ce sens noué un partenariat tout à fait fructueux avec le Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information (CLEMI) et il nous faut réfléchir à la meilleure diffusion possible de ce travail. Les réseaux sociaux devraient pouvoir nous aider en nous dédoublant, car nous ne pouvons envoyer sur le terrain nos équipes qui doivent déjà assumer leurs missions quotidiennes.