Intervention de Jean-Marie Vanlerenberghe

Réunion du 7 juillet 2016 à 15h10
Orientation des finances publiques et règlement du budget 2015 — Débat puis rejet en procédure accélérée d'un projet de loi modifié

Photo de Jean-Marie VanlerenbergheJean-Marie Vanlerenberghe, rapporteur général de la commission des affaires sociales :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, dans ce débat d’orientation des finances publiques, j’évoquerai pour ma part les finances sociales. Représentant près de la moitié des dépenses publiques et plus de la moitié des prélèvements obligatoires, celles-ci concentrent une grande partie des enjeux de soutenabilité de nos finances publiques.

Après sept années de déficit des comptes sociaux, quatorze pour le régime général et le Fonds de solidarité vieillesse, le FSV, le retour à l’équilibre est une priorité absolue. C’est non seulement une priorité économique, mais également un impératif pour la cohésion et la justice sociales.

Certes, le déficit du régime général se réduit. Il reste toutefois, avec celui du FSV, supérieur à 10 milliards d’euros à la fin de 2015. Mis en regard des efforts consentis en recettes, ce montant est encore bien trop élevé.

Les résultats des autres régimes se dégradent, en raison de ceux de l’assurance chômage. Si les évolutions de moyen terme semblent sous contrôle au sein des régimes de retraite complémentaire après l’accord du 30 octobre 2015, rien de tel ne se profile pour l’assurance chômage, les négociateurs s’étant séparés le 16 juin dernier sur un constat de désaccord. S’ils ne parviennent pas à un accord à l’automne, il reviendra au prochain gouvernement de réformer un régime d’assurance chômage qui aura produit plus de 30 milliards d’euros de déficits cumulés à la fin de cette année.

En conséquence de cette situation, le déficit des administrations de sécurité sociale, prises dans leur ensemble, ne se réduit que faiblement. Corrigé des résultats de la Caisse d’amortissement de la dette sociale et du Fonds de réserve des retraites, le déficit social est de 17, 2 milliards d’euros en 2015, soit une amélioration de 1, 4 milliard d’euros par rapport à 2014.

En conséquence des déficits accumulés, la dette sociale, qui a crû de plus de 4 points de PIB depuis la crise, a augmenté en 2015 malgré la baisse de la dette de l’ensemble constitué par l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale, l’ACOSS, et la Caisse d’amortissement de la dette sociale, la CADES. Elle s’établit à 220 milliards d’euros, soit plus de 10 % du PIB.

Déficit et dette persistent malgré l’effort consenti sur les recettes : le niveau de prélèvements obligatoires au profit des administrations de sécurité sociale, les ASSO, a augmenté d’un point de PIB depuis 2011. Ces chiffres ne sont pas contestables, monsieur le secrétaire d’État !

En 2015, malgré la première étape du pacte de responsabilité, qui prévoyait 6, 5 milliards d’euros de baisse de charges, les prélèvements obligatoires affectés à la sécurité sociale n’ont reculé que de 0, 2 point de PIB. Les effets des mesures antérieures, en particulier sur les retraites, représentent encore 3 milliards d’euros de recettes supplémentaires ; elles sont donc supérieures à la réduction du déficit.

La première étape de la réalisation du plan de 50 milliards d’euros d’économies illustre la difficulté à maitriser les dépenses de façon pérenne.

Certes, l’objectif national de dépenses d’assurance maladie, l’ONDAM, est respecté, mais seulement grâce aux mesures de régulation de la dépense hospitalière. Le sous-secteur des soins de ville dérape, lui, à concurrence de 240 millions d’euros.

Le déficit de l’assurance retraite se réduit grâce aux augmentations de cotisations dont a bénéficié la branche et grâce à la loi de 2010, dont la mise en œuvre se traduit par la baisse du nombre de départs à la retraite. Dans le même temps, l’assouplissement du dispositif « carrières longues » a triplé la charge qui y est associée, pour un coût de 2, 7 milliards d’euros.

Le déficit du Fonds de solidarité vieillesse, déjà alarmant, se creuse encore, à 3, 9 milliards d’euros, sans aucune mesure corrective. Ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un dispositif de solidarité que le déficit en est plus soutenable ou plus supportable !

Qu’on l’approuve ou qu’on la regrette, la réforme de la politique familiale de 2015 a reposé sur un choix, celui de la baisse des prestations pour certains publics et de la redistribution entre les familles. Cette politique produit ses effets sur le solde, de façon très significative.

La commission des affaires sociales avait exprimé quelques réserves sur la répartition des économies prévues dans le cadre de la contribution des ASSO au plan d’économies de 50 milliards d’euros. Elle avait notamment émis des doutes sur les 4 milliards d’euros prévus au titre des régimes à gestion paritaire. Cette contribution, initialement proportionnelle à la part des dépenses sociales dans les dépenses publiques, a tout d’abord été révisée à la baisse, puis rééchelonnée, avec une accélération en 2017, par le biais du dernier programme de stabilité. Nous avons enfin appris, il y a deux jours, que moins de trois mois après la présentation dudit programme de stabilité, le Gouvernement renonçait à assurer le financement des dépenses nouvelles par des économies !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion