Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, ce projet de loi de règlement est déjà le dernier que nous étudierons sous cette législature. Ce débat nous fournit donc une première occasion de revenir rapidement sur les éléments marquants de la politique économique et budgétaire de ces dernières années.
Au début du quinquennat, nous avons manqué l’occasion de renégocier le pacte budgétaire qui s’impose désormais comme le cadre de nos finances publiques, ou au moins d’exiger une contrepartie économique solide. Je ne reviendrai pas ici sur le premier projet de relance de 100 milliards d’euros ou sur le plan Juncker, dont on nous vante les mérites. Tous les économistes considèrent que, pour permettre une véritable relance au niveau européen, celui-ci devrait être d’un montant au moins trois fois supérieur aux 315 milliards d’euros prévus.
D’un point de vue plus technique, lors de la ratification du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, le TSCG, les écologistes avaient dénoncé l’incongruité qu’il y avait à fonder tout l’édifice de la convergence budgétaire sur une notion aussi mal définie que celle de croissance potentielle. Nous n’avions pas été entendus, mais je constate que, dans son dernier rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques, la Cour des comptes développe une analyse assez similaire.
Après l’adoption du TSCG, le Gouvernement a fait adopter, à l’automne 2012, le CICE, élaboré sur un modèle assez similaire à celui de la TVA sociale, qui avait pourtant été abandonnée durant l’été. Les écologistes s’étaient alors opposés non pas à l’idée de soutenir les entreprises, mais au fait que l’octroi d’un crédit d’impôt aussi massif et non sectorisé ne soit soumis à aucune condition.
Près de quatre ans plus tard, quel est le bilan ? D’après une étude récente de l’OFCE, le taux de marge des entreprises s’élève désormais à 39 %, ce qui représente le taux le plus haut depuis 1980. Dans le même temps, avec 47 milliards de dollars de dividendes versés en 2015, la France est le pays de la zone euro dont les entreprises rémunèrent le plus les actionnaires. Quant aux emplois promis, selon les premières estimations, seulement 100 000 ont été créés.
Sur le plan budgétaire, cette politique s’est traduite par un report notable de la fiscalité des entreprises vers celle des ménages. Comme l’a montré M. le rapporteur général, la part de la charge fiscale des ménages dans les prélèvements obligatoires a augmenté de deux points depuis 2011, tandis que celle des entreprises a baissé de quatre points. C’est d’ailleurs essentiellement aux fins de permettre la réduction de cette dernière, et non pour résorber le déficit public, que le Gouvernement a procédé, depuis le début du quinquennat, à des coupes parfois claires dans nombre de crédits budgétaires.
Toutefois, il faut le reconnaître et s’en réjouir, l’impact direct de ces coupes sur l’économie n’a pas été aussi néfaste que ce que l’on aurait pu craindre. En effet, la Banque centrale européenne a soutenu l’activité par une politique monétaire très accommodante, allant même jusqu’à outrepasser son statut pour racheter de la dette souveraine sur les marchés secondaires. De même, la baisse historique du cours du pétrole, liée à d’insondables stratégies de concurrence entre les pays producteurs, constitue une aubaine.
Si le pire a donc été évité à court terme, on peut en revanche être légitimement préoccupé pour l’avenir. Rien qu’en 2015, les dépenses publiques d’investissement ont reculé de 4, 1 milliards d’euros, soit de 5, 1 %. Quant aux services publics, ils cumulent, année après année, baisses de qualité et difficultés de fonctionnement dans une relative indifférence.
Permettez-moi de prendre l’exemple de la mission budgétaire « Écologie », à laquelle j’attache un intérêt particulier. Son exécution pour 2015 est supérieure de 2, 3 % à la prévision. C’est formidable… mais seulement en apparence, …