Intervention de Francis Delattre

Réunion du 7 juillet 2016 à 15h10
Orientation des finances publiques et règlement du budget 2015 — Débat puis rejet en procédure accélérée d'un projet de loi modifié

Photo de Francis DelattreFrancis Delattre :

Or au même moment, tout en certifiant les comptes de 2015, la Cour des comptes, dans son rapport, formulait cinq réserves, dont une fondée sur les chiffres de la dette, et dénonçait un arrangement comptable pour camoufler soigneusement le gonflement de celle-ci.

Monsieur le ministre, il n’est pas sérieux de se vanter d’une dette qui n’aura jamais aussi peu coûté en frais financiers, alors que la Cour des comptes relève que vous mettez sur le marché des obligations assimilables du Trésor « dopées » : chaque milliard d’euros emprunté au taux de 6 % coûtera, pendant dix ans, 60 millions d’euros d’intérêts par an, contre 5 millions d’euros pour un emprunt à taux normal émis le même jour !

Sous ce quinquennat, ce sont 45 milliards d’euros de primes qui ont été payées par des investisseurs pour acquérir des OAT « dopées ». Notre dette aurait été limitée à 98 % du PIB en 2015 si nous avions pratiqué une gestion simplement normale. Dès 2018, ces acrobaties représenteront, pour le budget, un coût supplémentaire de 2 milliards d’euros par an.

Malgré toutes ces critiques, malgré votre bilan déplorable, malgré votre cote de confiance au plus bas, malgré les mises en garde, vous persistez à dépenser un argent que vous n’avez pas.

Toutes ces mesures d’opportunité politique sont critiquées par le rapporteur général de la commission des finances de l’Assemblée nationale lui-même, qui est pourtant de votre sensibilité politique.

Pour faire face à cette accumulation de nouvelles dépenses, vous vous êtes livré à un véritable tour de passe-passe sur le CICE, permettant que les entreprises affichent une créance fiscale supplémentaire sur l’État de 5 milliards d’euros en 2017, que l’État leur remboursera, pour l’essentiel, en 2018. Cela permettra certes de présenter des chiffres un peu meilleurs aux autorités européennes, mais il faudrait tout de même prendre un peu en considération les parlementaires, que des manœuvres de ce genre empêchent d’aborder la discussion avec vous en confiance.

Naturellement, la Cour des comptes elle aussi se montre pessimiste quant à la possibilité d’atteindre l’objectif de ramener notre déficit à 2, 7 % du PIB en 2017.

Pour conclure, je voudrais dire que les collectivités, que l’on décrit souvent comme dispendieuses, devraient être réhabilitées. Comme l’écrit à la lettre la Cour des comptes, « la réduction du déficit public par rapport à 2014 provient pour les deux tiers des administrations publiques locales et pour une part réduite des administrations de la sécurité sociale ».

Les collectivités territoriales ont fait leur part de travail. Je ne suis pas sûr que l’on puisse en dire autant du Gouvernement !

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