Merci, Monsieur Buffet, pour votre contribution toujours très précieuse, votre précision, votre rigueur et la qualité des propositions que vous formulez, utiles au débat. En octobre 2015, 6 000 personnes étaient dans le camp. En février 2016, 4 500 personnes. En avril dernier, 3 500, avant que la période estivale ne fasse remonter ces chiffres au même niveau que l'an dernier. En quelques mois, nous avions réussi à diviser ce nombre par deux. Désormais, les flux reprennent en Méditerranée centrale et à partir de l'Italie, en dépit des importants contrôles aux frontières.
Un journal a donné une interprétation exactement contraire à l'esprit et à la méthode d'une circulaire interne destinée aux préfets, suscitant - à dessein, me semble-t-il -une polémique qui n'avait pas lieu d'être. Nous avons demandé aux préfets de nous faire remonter des possibilités sans consultation des élus, pour ne pas les solliciter alors que nous ne leur demanderons rien. Sur un sujet aussi délicat, il est normal que l'on dresse un inventaire de tous les possibles, et que le ministère de l'intérieur examine après les opportunités et les possibilités. La concertation avec les élus se fait ainsi sur la base d'une liste arbitrée et retournée au préfet. Cette polémique était destinée à créer des tensions, en contradiction avec nos objectifs, notre méthode et notre volonté de concertation. J'ai écrit à l'Association des régions de France, à l'Association des maires de France, à l'Assemblée des départements de France et à l'Association des métropoles pour acter, par écrit, cette méthode.
Je suis favorable à une discussion très ferme avec les Britanniques sur les accords du Touquet. Elle aboutira dès lors qu'elle se fondera sur des éléments rationnels. Je n'entends pas les arguments irrationnels des ultras britanniques s'appuyant sur des articles de « tabloïds » jouant plus sur les instincts que sur la raison. La fermeté sans rationalité nous discréditerait. On ne peut mener cette négociation à ciel ouvert, mais nous pouvons rendre compte des termes de cette négociation au Parlement, en actant entre nous une clause de confidentialité.
Selon nos estimations, 900 à 950 mineurs isolés se trouvent à Calais.
Pour accueillir les migrants ayant le droit de l'être, nous devons éloigner ceux qui ne doivent pas l'être. Nous le faisons : plus de 1 500 migrants qui n'avaient pas vocation à bénéficier de l'asile en France ont été éloignés depuis le début de l'année, dans le cadre de vols franco-britanniques, comme celui qui a eu lieu avant-hier. Il y en a plusieurs par semaine et il y en aura d'autres, comme la soutenabilité de notre politique l'exige. L'OFPRA et l'OFII sont présents pour convaincre ceux qui en relèvent de demander l'asile en France.
La concurrence entre les publics peut être l'objet d'une instrumentalisation malsaine. Hier, avec Mme Cosse, nous avons reçu toutes les associations que vous avez évoquées pour indiquer ce que nous faisons en matière d'hébergement d'urgence, avec les CADA, les CAO, le dispositif Accueil temporaire service de l'asile (ATSA)... Vous devriez inviter Mme Cosse pour évoquer les conditions dans lesquelles tout cela est organisé.
Après l'incendie, la situation du camp de Lesbos est compliquée. Les Grecs ont activé le mécanisme européen de protection civile. La semaine dernière, alors que je recevais mon homologue grec, j'ai annoncé une mission française pour accompagner les Grecs dans le traitement des demandes d'asile. Ce week-end, j'ai échangé avec mon collègue allemand pour débloquer davantage de moyens pour aider la Grèce, dans le cadre du Bureau européen d'appui pour l'asile (EASO), à remplir parfaitement sa mission dans les « hotspots ».
Pour ce qui concerne les visas au titre de l'asile, délivrés par les consulats aux Irakiens et aux Syriens à partir du Liban, de la Jordanie, de l'Irak et, éventuellement, de la Turquie pour réinstallation, nous avons un objectif de 2 500 visas pour certains publics, en particulier étudiants.
Au 1er juillet 2016, nous avions octroyé 700 visas sur ce quota. Pour rappel, 1 000 visas avaient été accordés en 2014, et en 2015, 1 000 l'avaient été pour des Syriens, 2 000 pour des Irakiens. Je vais le rappeler aux consuls, qui se doivent, comme les préfets ou les ministres, de faire preuve de précision.