Intervention de Anne Hidalgo

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 21 septembre 2016 à 11h00
Audition de Mme Anne Hidalgo maire de paris sur la candidature de paris aux jo de 2024

Anne Hidalgo, maire de Paris :

Merci de toutes ces questions, qui montrent bien votre engagement.

Nous entrons maintenant dans une nouvelle phase du combat, qui s'achèvera à Lima le 13 septembre prochain. Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), a eu une bonne intuition en faisant du Club France un lieu ouvert, généreux, avec l'accord des partenaires institutionnels - ville de Paris, Région, État -, des médias et des acteurs économiques. Tous les Cariocas et les autres spectateurs s'y sont précipités. Il faut dire que Troisgros y représentait notre gastronomie. Cela a lancé le signal que nous voulions vraiment organiser les jeux en 2024. C'est très important : en politique comme ailleurs, c'est souvent celui qui en veut le plus qui gagne.

La question des transports est fondamentale. Rio a procédé à une transformation urbaine et a ouvert de nouvelles lignes de bus. Il n'y a pas eu d'éléphants blancs : les arenas ont été conçues pour être démontées et remontées en écoles ou en établissements dans les favelas. La force de Paris, c'est la compacité des sites et des réseaux de transport, au moins au centre. Son problème, c'est que le schéma de transport d'Ile-de-France des années 1960 avait prévu une ville-centre entourée de satellites desservis par des RER, et non que les habitants s'installeraient entre les deux jusqu'à créer une zone dense de 7 millions d'habitants. Toutefois, avec la métropole présidée par Patrick Ollier, et d'autres acteurs, je m'efforce de tisser des relations transversales pour améliorer la vie quotidienne des habitants. Le Grand Paris Express sera au rendez-vous. Cela fait plus de trente ans qu'il n'y a pas eu un investissement de cette ampleur en Île-de-France !

Il faut que l'événement soit populaire, comme il l'a été à Londres, ce qui implique une politique de billetterie adaptée. L'engouement a été lent à se dessiner à Rio, mais j'ai vu aux Jeux paralympiques des stades pleins. J'ai ainsi eu la chance d'assister à la victoire de Sandrine Martinet devant un public de familles brésiliennes.

Les Jeux de Londres ont été un déclencheur de la prise de conscience du rôle des bénévoles. Nous nous en sommes inspiré pour l'Euro 2016. Nous avons institué à cette occasion un réseau, que nous comptons faire prospérer en donnant aux bénévoles des facilités. Certains sont des retraités, mais d'autres espèrent que cette expérience sera formatrice. Nous chercherons donc à valoriser leurs acquis. À Rio, chaque « VIP » était accompagné d'un volontaire attitré parlant sa langue : c'était formidable ! Parmi ces volontaires, qui s'occupaient aussi du reste du public, il y avait de nombreux étudiants français à Rio. Mais bien sûr, il faut les former et ne pas leur demander d'assumer des tâches professionnelles, comme vérifier les accréditations ou assurer la sécurité.

Une étude prévoit des retombées économiques comprises entre 5 et 10 milliards d'euros, avec jusqu'à 250 000 emplois à la clef. D'ailleurs, les entreprises partenaires ont vite compris que c'était là une opportunité extraordinaire.

L'engagement international de la France augmenterait la menace terroriste ? Je n'ai pas remarqué une telle perception chez nos partenaires - le prix d'homme d'Etat de l'année remis récemment au Président de la République en témoigne. Le rôle de notre pays dans la lutte contre le terrorisme est vécu plutôt comme positif, notamment en Afrique, mais pas seulement. Notre candidature ne passe pas pour arrogante : au contraire, chacun sait que nous sommes de grands blessés. Au reste, pour se présenter une nouvelle fois après notre échec, il faut avoir foi dans les valeurs de l'olympisme - et nous l'avons. Néanmoins, si nous n'obtenons pas les jeux cette fois-ci, il est probable que cette foi s'altère...

Notre façon très transparente d'exprimer nos doutes sur nous-mêmes peut être utilisée par des pays où ces doutes ne s'expriment pas. Nous devons donc affirmer notre patriotisme, dire que nous croyons en nous-mêmes, pour projeter cette confiance vers les autres. La candidature de Paris est celle de la solidité, de la stabilité, de la sécurité : elle ne présente aucun risque. Surtout, elle est portée par un partenariat public-privé qui n'existe nulle part ailleurs. Il faut donc parfois oublier notre esprit cartésien trop porté à l'autocritique.

Madame Laborde, nous n'avons pas encore d'information sur les téléspectateurs des Jeux de Rio. Il faudra analyser les chiffres de près. Concernant la laïcité, il est instructif de visiter le village des athlètes, où se côtoient toutes les nationalités, toutes les opinions, toutes les confessions. À la fin, la seule chose qui compte, c'est la performance. Les fédérations sportives fixent les règles en fonction de ce critère : est interdit ce qui peut nuire à la performance. Je leur fais donc confiance.

Le CIO a décidé pour la première fois de soutenir une équipe de réfugiés qui a concouru à Rio, leur autorisant l'accès au village et en leur fournissant des services de coaching. D'ailleurs, le Secrétaire général des Nations-Unies a rencontré hier le président du CIO sur ce point.

David Assouline connaît très bien le sujet de l'adhésion populaire aux Jeux. Nous avons innové dans le domaine, en ouvrant des tables de concertation avec des athlètes et les représentants des communes. Nous ferons une présentation de toutes les idées qui ont été exprimées à cette occasion.

Monsieur Carle, plutôt que de lobbying ou d'entrisme, mots très connotés, je préfère parler de disponibilité. Il faut être là, disponible, pour répondre à chacune des questions de tous les membres du CIO, qui doivent tous se sentir respectés. Les rencontres sont réglementées, ce qui est heureux : cela protège tout le monde. Je suis partie quinze jours cet été à Rio, au lieu de partir en vacances - je ne l'ai pas regretté un seul instant : ce fut une expérience exceptionnelle. Chacun s'est rendu disponible, jusqu'au Président de la République. Je regrette de ne pas avoir cité tout à l'heure Guy Drut, dont l'expérience du sport, du CIO et des candidatures précédentes est très précieuse.

Je suis retourné à Rio pour les Jeux paralympiques. C'était la première fois que j'assistais à une compétition handisport, et j'ai été bouleversée par cette expérience extraordinaire. Emmanuelle Assmann porte avec énergie la candidature de Paris. Le regard, devant tant de force et de joie de vivre, ne peut plus être condescendant. Vous recevez une véritable leçon de vie, une vraie claque !

J'ai rencontré Sir Philip Craven, le président du comité international paralympique. Nous devrons mettre en accessibilité toute la ville, ce qui n'est pas facile dans une ville patrimoniale comme Paris. Quant à la dissociation avec les Jeux olympiques, le mouvement paralympique y tient beaucoup, comme à la visibilité que celui-ci a su gagner depuis Londres.

Enfin, David Assouline a raison, les médias, notamment le service public, ont fait un travail exceptionnel pour la retransmission des Jeux paralympiques - cela doit continuer pour les sports adaptés comme pour le handisport. Cela pourra être un atout pour Paris.

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