Je me félicite du lancement d'un PIA 3 : cela permet de sanctuariser une capacité d'investissement dans ce qui apparaît comme une clef de la prospérité de demain, qu'il s'agisse de la recherche, de l'enseignement supérieur ou de l'innovation.
J'ai également fait partie du comité de surveillance du temps de MM. Rocard et Juppé. J'ai trouvé que les choses se passaient bien et étaient intéressantes. En revanche, je pense qu'il ne peut exister de PIA 3 avec les mêmes règles que les deux premiers PIA. Dans la vie, on avance en tirant les leçons de l'expérience. Je ne m'étais pas concerté avec Jean-Léonce Dupont, mais je dresse le même constat que lui.
Penser un seul instant qu'il peut y avoir eu saupoudrage ne peut tenir lorsqu'on regarde les cartes.
Je suis également favorable aux I-SITE qui, je l'espère, permettront de remédier aux carences que nous avions constatées, notamment en matière d'ancrage territorial des IDEX.
Le coeur du problème est de savoir comment travailler entre les collectivités. Je suis président de région. Vous avez évoqué les IRT, sans mentionner les financements régionaux. Confier le choix à des jurys internationaux pour le déconnecter de la politique, c'est renoncer à la politique dans ce qu'elle a de noble. La politique, c'est assumer des choix. Or, la légitimité des choix vient du fait qu'ils sont consacrés par le suffrage universel. Les jurys ont beau être internationaux, leur seule légitimité est une légitimité d'expertise. Comment relier l'éclairage des experts aux choix politiques démocratiques ?
On voudrait faire croire qu'il existe des régions si faibles que certains de leurs projets ne seraient pas intéressants. Je vous invite à Nantes ou à Angers : je vous montrerai des équipes mondialement performantes en immunologie, en médecine nucléaire, en thérapie génique. On n'a pas d'institut hospitalo-universitaire, mais c'est tout comme !
Si l'on adopte le prisme des jurys internationaux, on abandonne toute stratégie de puissance et de développement économique de la Nation. Comment se réapproprier ces ancrages politiques et territoriaux au sens noble du terme ? Le PIA, c'est l'argent de la Nation. Le PIA doit donc être orienté par des choix de la Nation. Vous savez comment les choses fonctionnement ailleurs, en particulier aux États-Unis. Craint-on en France qu'un choix politique vienne troubler le jugement des jurys internationaux ? Nous en avons besoin, je ne les récuse pas, mais je pense qu'il faut trouver une articulation entre ces choix démocratiques, les ancrages territoriaux et l'avenir de notre pays.
On n'oublie pas d'aller chercher auprès des collectivités territoriales - je pense aux régions - les financements qui n'ont pas été acquis par ailleurs.