Intervention de Daniel Percheron

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 28 septembre 2016 à 10h00
Audition de M. Louis Schweitzer commissaire général à l'investissement

Photo de Daniel PercheronDaniel Percheron :

Le temps passe, monsieur Schweitzer ! Néanmoins, c'est avec la même pédagogie sereine, efficace, bienveillante, que vous annonciez depuis Matignon, il y a quelques décennies, la fin du bassin minier. C'est toujours le même sujet : l'industrie, la modernité, la recherche, l'avenir de la Nation à travers le destin de ses régions.

Bien entendu, ma révolte est aussi respectueuse qu'il y a quelques années, et vos propos me semblent aujourd'hui toujours aussi intelligents et toujours aussi révoltants. Je vais vous dire pourquoi.

Une étude vient de paraître aux États-Unis qui montre que l'accord mondialisé entre ce pays et la Chine a détruit depuis une dizaine d'années 2,7 millions d'emplois. Vous me direz que les États-Unis sont proches du plein emploi. L'étude montre cependant que ces emplois ont été détruits dans des régions qui ne s'en sortent pas. Ce sont celles qui écoutent aujourd'hui la campagne présidentielle et qui s'apprêtent à dire non, d'une certaine manière, au choix politique américain.

C'est le même problème pour nous. Lorsque j'ai quitté mes fonctions de président de région, il y a quelques mois, les investissements d'avenir étaient fléchés à 42 % vers l'Île-de-France, contre 2 à 3 % dans le Nord-Pas-de-Calais !

Pourtant, le Nord-Pas-de-Calais, devenu partie des Hauts-de-France, représentait 16 % de la valeur ajoutée dans l'industrie, et si recherche, innovation et formation sont le coeur de la reconquête industrielle, pourquoi ne pas se pencher sur une région qui est industrielle, qui veut le rester, et dont le taux de chômage est de 50 % supérieur à celui de la moyenne nationale, le double dans des arrondissements comme Lens ou Valenciennes ?

L'arrondissement de Lens - 400 000 habitants, quinzième agglomération de France - a aujourd'hui un taux de chômage des jeunes insupportable : 45 % des jeunes de moins de vingt-cinq ans y sont sans emploi.

Pourquoi le PIA ne se tourne-t-il pas vers l'université de l'ancienne région Nord-Pas-de-Calais ? Nous avons soi-disant été recalés à l'IDEX - alors que nous hébergeons la sixième université de France, celle qui accueille le plus d'étudiants étrangers. Est-ce parce que le président de l'université, lors du grand oral, aurait mal manié l'anglais ? On pense plus à Marcel Pagnol qu'à Georges Pompidou ! Imaginez la tête de Georges Pompidou si on lui avait dit un jour que l'aménagement du territoire serait fonction du maniement que feraient les présidents d'université de l'anglais, dans une région martyrisée par la désindustrialisation !

Pensez-vous avoir des excuses - mis à part le service de l'État - dans les décisions prises au sujet du PIA ? Je n'en vois pas. Je l'ai dit au Premier ministre, et je le dis respectueusement au Président de la République : « Modifiez le PIA, attribuez des enveloppes régionales » !

J'ai parlé des États-Unis. Si l'on vous écoute, Monsieur le commissaire, Christophe Guilluy a de beaux jours devant lui ! Il y va aujourd'hui de la cohésion de la Nation, du clivage entre ceux d'en bas et ceux d'en haut. La liste conduite par Marine Le Pen a obtenu 44 % des suffrages dans le Nord-Pas-de-Calais et 55 % dans le bassin minier !

Lors de la régulation budgétaire sur l'université, il fallait trouver 100 millions d'euros. Le Gouvernement a trouvé 36 millions d'annulations de crédits pour l'université du Nord-Pas-de-Calais, notamment celle du bassin minier.

Faites de la politique, monsieur le commissaire ! La rente perpétuelle, vous nous l'aviez accordée à l'époque, avec l'équivalent de fonds de conversion d'à peu près 70 millions d'euros.

Faites de la politique ! Faites de la politique ! Voilà ce que je voulais vous dire au nom du territoire et des élus régionaux.

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