Alors que les chercheurs travaillant sur l'efficacité des écoles et des enseignants se sont intéressés au comportement de ces derniers en tant que pédagogues, les économistes ont examiné ce même comportement en tant qu'employés des écoles ou des autorités éducatives.
Ces travaux ont généralement été menés pour savoir dans quelle mesure la productivité d'un enseignant dans la salle de classe était liée à sa rémunération et si le renforcement de ce lien pouvait améliorer les résultats de l'apprentissage.
Or il semble qu'un tel lien soit actuellement faible : les caractéristiques retenues pour déterminer la rémunération des enseignants, comme leur niveau d'instruction, de formation et d'expérience, n'ont guère d'impact sur les acquis des élèves, alors que la qualité de la formation des enseignants, mesurée à l'aune des compétences cognitives, a une incidence sur les acquis mais pas sur la rémunération.
Dans les écoles privées, en revanche, l'existence d'une relation directe entre les acquis des élèves et la rémunération des enseignants paraît expliquer, au moins en partie, pourquoi ces écoles sont plus efficaces que les écoles publiques.
A cet égard, les systèmes de rémunération au mérite expérimentés aux Etats-Unis ne semblent pas avoir été concluants. Les enseignants ont généralement réagi en augmentant la quantité et non la qualité de l'enseignement, et des structures uniformes de rémunération se sont mises en place, ce qui a réduit à néant l'objectif des réformes.
La rémunération au mérite paraît constituer une approche trop étroite des incitations en direction des enseignants.
En premier lieu, elle peut avoir des effets pervers. Ainsi, dans une expérience conduite au Kenya, des prix ont été attribués par des comités scolaires administrés par les parents aux enseignants dont les élèves enregistraient de faibles taux de redoublement et de bons résultats aux examens. Les enseignants ont réagi en manipulant les résultats des examens au lieu d'améliorer leur enseignement, et l'impact sur les acquis effectifs a été faible.
Des recherches récemment menées dans les écoles publiques aux Etats-Unis donnent à penser que, si les arrangements institutionnels ont effectivement pour résultat une relation peu étroite entre la rémunération des enseignants et leurs performances, ce sont les caractéristiques des élèves plutôt que les différentiels de rémunération qui expliquent les décisions des enseignants de changer d'école.
En second lieu, des données récentes du programme mexicain « Carrera Magisterial » indiquent que, en assurant une formation complémentaire tout en relevant les rémunérations et en améliorant les ressources scolaires, il est possible d'accroître les acquis des élèves.
Les analyses et les statistiques recueillies par l'UNESCO pourraient donc vous inciter, mes chers collègues, à adopter le présent amendement.