Cette explication de vote est en fait un plaidoyer contre l'amendement n° 14 rectifié.
Je sais bien que, lorsqu'on est parlementaire, on se croit doté d'une compétence universelle. Mais inscrire dans la loi un jugement sur l'efficacité de méthodes d'apprentissage de la lecture, c'est aller un peu loin ! Pourrait-on imaginer un projet de loi d'orientation sur le système de santé dans lequel, parmi les méthodes traitant du cancer, on conseillerait la chirurgie ? Cela n'aurait aucun sens !
Je suis très étonnée que le rapporteur, qui a invoqué à plusieurs reprises la liberté pédagogique des enseignants, se permette de mettre en exergue une méthode parmi d'autres. Il faut faire preuve de beaucoup de modestie sur ces sujets-là.
Je suis soulagée par la réponse du ministre nous rappelant qu'il a demandé à des personnes, dont la compétence et la distance critique par rapport au sujet sont reconnues, de dresser un état des lieux sur la question. C'est en effet un domaine où les passions sont vives et où les méthodes encensées un jour sont ridiculisées le lendemain. Entre la nostalgie d'un passé forcément meilleur et la frénésie avec laquelle on adopte des innovations qui ne sont pas toujours validées de façon sérieuse par une phase expérimentale assez longue, je crois qu'il faut être très prudent.
L'acquisition des connaissances ne relève pas uniquement de l'adoption d'une méthode : c'est la combinaison de plusieurs méthodes. L'enseignement est une alchimie subtile entre l'enseignant et sa classe.